25/01/2017

Le 20 octobre 2016, le COPINH organisait une manifestation pacifique pour demander justice dans le cas de Berta Cáceres. Or, la police y a répondu avec un excès de violence et plus de 100 personnes furent blessées. PBI a exprimé ses préoccupations par rapport à ces incidents et demandé à la communauté internationale d’agir.

La manifestation organisée par le COPINH (Conseil civique des organisations populaires et autochtones du Honduras) et d’autres organisations de la société civile visait à exiger la vérité et la justice pour l’assassinat de Berta Cáceres (ex-coordinatrice du COPINH) en mars 2016. Parmi les manifestants, des enfants, des personnes âgées, des journalistes mais également des observateurs nationaux et internationaux. Alors qu’ils étaient tous devant le Ministère public pour participer à une cérémonie spirituelle de commémoration pour Berta Cáceres, la situation a soudainement dégénéré.

Selon les organisations présentes, les manifestants ont été sommés par la police de libérer en quinze minute l’une des deux voies de circulation. Alors qu’ils s’exécutaient, les membres de la police militaire qui étaient stationnés des deux côtés de la rue ont ouvert les canons à eau et lancé des gaz lacrymogènes sur les manifestants sans respecter le délai de quinze minutes. Certaines personnes furent même battues à coup de pied ou de matraque.

Le droit de manifester pacifiquement

Ces événements sont un nouvel exemple de l’aggravation de la situation des défenseur.e.s des droits humains au Honduras. Du côté de la police, on observe une tendance croissante à recourir à la violence lors de manifestations. PBI en appelle à la communauté internationale à agir et recommande notamment de :

- Se prononcer publiquement en faveur du soutien aux défenseur.e.s des droits humains au Honduras et de leur droit à manifester pacifiquement ;

- Exiger des éclaircissements sur les derniers événements aux institutions compétentes et d’insister pour une enquête immédiate, équitable et approfondie sur les incidents violents ;

- Demander à l’Etat hondurien et en particulier à la Commission nationale pour les droits humains de s’exprimer publiquement sur les derniers événements, de reconnaître le travail des défenseur.e.s des droits humains et de se souvenir de ses devoirs de protéger les droits humains et les personnes qui les défendent.

Lire l'appel complet de PBI en anglais / en espagnol

Article publié par PBI Suisse

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Décès de la féministe hondurienne Gladys Lanza

La défenseuse Gladys Lanza Ochoa est décédée le 20 septembre dernier à Tegucigalpa.

Gladys Lanza était la coordinatrice du Movimiento de Mujeres por la Paz Visitación Padilla, également connu sous le nom de "Las Chonas", une organisation fondée en 1984 et qui milite pour les droits des femmes et contre la violence et les inégalités fondées sur le sexe au Honduras.

En raison de son activisme, elle a été emprisonnée dans les années 80 et a ensuite été exposée à de nombreuses menaces et à une répression sévère, y compris de la part des autorités. En 2009, la Commission interaméricaine des droits de l’Homme a exhorté le gouvernement hondurien à prendre des mesures de protection à son égard. Depuis juillet 2015, elle était accompagnée par PBI en raison des menaces croissantes qui pesaient sur sa personne.

Lire le communiqué de PBI Honduras.

 

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Honduras : La rencontre "Berta Cáceres vive" visée par des actes de violence

18/05/2016

Le 15 avril 2016 avait lieu la rencontre internationale "Berta Cáceres Vive". 400 représentants d'organisations nationales et internationales, dont le COPINH et les 11 organisations signataires de cette alerte, s'étaient réunis à San Francisco de Ojuera afin de commémorer l'assassinat de Berta Cáceres et ont fait l'objet de menaces, jets de pierre et coups de la part d'un groupe d'une trentaine de personnes armées de machettes et manifestant son soutien au projet hydroélectrique Agua Zarca de l'entreprise DESA. Une dizaine de personnes ont été blessées. La police, qui se trouvait sur place, n'a réagi que tardivement et seulement à la demande insistante de plusieurs membres de la rencontre.

Compte tenu de ces incidents, nous exprimons notre profonde préoccupation face à la situation d'extrême vulnérabilité dans laquelle se trouvent les organisations, les communautés et les défenseur.e.s des droits humains au Honduras, en particulier les membres du COPINH. Dans ce contexte, nous craignons également que des situations comme celle-ci altèrent les possibilités d'accompagnement et d'observation internationale visant à protéger les espaces de résolution non violente des conflits et la promotion et la revendication des droits humains au Honduras. Le travail réalisé par les accompagnateurs et les observateurs internationaux dans le pays répond à la demande des organisations et des acteurs sociaux qui ont le droit de défendre ces droits et de solliciter l'appui international lorsqu'ils font face à des menaces et des attaques.

Nous sollicitons donc l'attention et le soutien de la communauté internationale, en particulier via :

  • l'expression publique d'un soutien au travail des défenseur.e.s des droits humains au Honduras et de leur droit de recevoir un accompagnement international; et
  • la demande aux autorités nationales compétentes d'éclaircir les faits rapportés, en réalisant une enquête rapide, impartiale et approfondie sur les attaques et les menaces reçues, ainsi que sur la performance de la police nationale.

Lire l'appel complet des organisations internationales en espagnol en anglais

 

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Question écrite du député Noël Mamère sur les défenseurs au Honduras

21/03/2016

Suite à l'assassinat de la défenseure hondurienne Berta Caceres le 3 mars dernier, le député Noël Mamère a envoyé une question écrite au gouvernement, en collaboration avec PBI France, exprimant sa vive préoccupation après l'assassinat de Berta Caceres pour la défense des droits environnementaux au Honduras. 

Nous avions rencontré la collaboratrice de Monsieur Mamère en décembre dernier, lors de la visite du défenseur hondurien Donald Hernandez.

Pour lire la question écrite, cliquez-ici.

 

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Lettre ouverte à l'UE concernant Berta Cáceres

17/03/2016

Un consortium de nombreuses organisations de la société civile hondurienne et européenne, dont PBI, adresse une lettre ouverte à la Haute Représentante de l'Union pour les affaires étrangères et la politique de sécurité, Federica Mogherini, et à la Commissaire européenne au commerce, Cecilia Malmström, exprimant leur vive préoccupation après l'assassinat de la défenseure hondurienne Berta Cáceres le 3 mars dernier.

Pour lire la lettre ouverte (en anglais) cliquez ici.

 

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Assassinat de la militante hondurienne Berta Cáceres

07/03/2016

Communiqué de presse

Les réseaux et organisations signataires, qui appuyons la défense des droits humains au Honduras, rejetons l’assassinat de la dirigeante autochtone lenca Berta Cáceres, coordinatrice du Conseil civique d’organisations populaires et autochtones du Honduras (COPINH), perpétré hier matin dans sa résidence de La Esperanza, Intibucá, Honduras.

Berta Cáceres a vécu en défendant les droits territoriaux et culturels des peuples autochtones, les peuples garifunas et la paysannerie. Elle était reconnue aux plans national et international comme défenseure des droits humains, en particulier des droits des femmes et des peuples autochtones. En 2015, elle a reçu une reconnaissance internationale de son travail avec le Prix environnemental Goldman, la plus importante distinction remise aux activistes luttant pour la défense du territoire, des biens naturels et de la Terre Mère. Berta, avec la vision intégrale de l’humanité qui caractérise les cosmovisions autochtones, s’est toujours solidarisée avec les causes d’autres peuples.

Ces dernières années, Berta avait été victime de harcèlement, de persécution, d’intimidation, de stigmatisation et de criminalisation, de la part d’acteurs étatiques et non-étatiques, du fait de son activité de défense des droits humains, dans un contexte où les communautés autochtones s’opposent à l’installation d’exploitations hydro-électriques et extractives dans leur territoire sans leur consentement libre, préalable et informé. Elle luttait particulièrement pour la récupération des terres du peuple lenca à Río Blanco, Intibucá, face à la construction du barrage hydro-électrique Agua Zarca par l’entreprise hondurienne Desarrollos Energéticos S.A. de C.V. (DESA), projet bénéficiant de financements nationaux (banque FICOHSA) et internationaux, incluant des fonds en provenance des Pays-Bas, de Finlande et d’Allemagne. Depuis 2009, elle bénéficiait de mesures de protection de la Commission interaméricaine des droits humains (MC196/09), mais celles-ci ne furent pas correctement appliquées.

Devant ce grave crime :

1) Nous nous solidarisons avec sa famille, avec le peuple lenca et les membres du COPINH, ainsi qu’avec toutes les organisations sociales du Honduras qui sont aujourd’hui en deuil.

2) Nous condamnons l’assassinat de Berta Cáceres et demandons aux autorités honduriennes d’investir toutes les ressources nécessaires afin d’enquêter de façon indépendante, de poursuivre pénalement et de punir les responsables matériels et intellectuels, d’assurer la protection et la sécurité des témoins et de prendre les mesures adéquates de réparation, notamment un hommage public à la mémoire de Berta.

3) Nous appelons les institutions honduriennes à remplir leur devoir de garantir la protection de toutes les personnes qui défendent les droits humains dans leur pays et d’appliquer la loi de protection pour les défenseur.e.s des droits humains, journalistes, communicateurs sociaux et opérateurs de justice, en vigueur au Honduras, afin que de tels actes ne puissent se reproduire.

4) Nous exhortons la communauté internationale à condamner cet assassinat et à prendre toutes les mesures nécessaires pour s’assurer que l’État hondurien applique ses obligations en termes de droits humains. Nous l’appelons à prendre les mesures adaptées pour s’assurer que le soutien financier bilatéral ou multilatéral destiné au Honduras contribue au plein respect et à la réalisation des droits humains et jamais à la commission de violations de ces mêmes droits.

« Dans nos cosmovisions, nous sommes des êtres surgis de la terre, de l’eau et du maïs, le peuple lenca est le gardien ancestral des rivières, aussi défendues par les esprits des petites filles, qui nous enseignent que donner sa vie, de multiples façons, pour la défense des rivières, c’est donner sa vie pour le bien de l’humanité et de cette planète ».

Berta Cáceres, discours de réception du prix Goldman, 2015

Organisations signataires :

ACAT-Suisse
ACT Alliance EU
Action Solidarité Tiers Monde (ASTM) (Luxembourg)
Asociación de Investigación y Especialización sobre Temas Iberoamericanos (AIETI) (Espagne) Asociación Paz con Dignidad
Asociación Pro Derechos Humanos de España (APDHE)
AWO International e.V.
Banktrack (Pays-Bas)
Bischöfliche Aktion Adveniat e.V. para los pueblos en América Latina y el Caribe (Allemagne)
Brigadas de Paz Internacional (PBI)
Broederlijk Delen (Belgique)
CAFOD
Calala Fondo de Mujeres (Espagne)
CCFD (France)
CIDSE
CISV (Italie)
Collettivo Italia Centro America CICA (Italie)
Comisión de Derechos Humanos Hispano Guatemalteca (CDHHG)
Comisiones Obreras de Madrid (CCOO) (Espagne)
Cooperacció – Barcelona (Espagne)
Coordinadora de Organizaciones no Gubernamentales de Desarrollo de España (CONGDE) (Espagne)
Copenhaguen Initiative for Central America and Mexico (CIFCA)
DIAKONIA (Suède)
Federación de Asociaciones de Defensa y Promoción de los Derechos Humanos (Espagne)
FIAN Internacional
Fondo de Acción Urgente América Latina y el Caribe
Forschungs- und Dokumentationszentrum Chile-Lateinamerika e.V. 
Forum Honduras Schweiz (Forum Honduras Suisse)
Forum Syd (Suède)
FOS (Belgique)
Friends of the Earth Finland (Finlande)
Front Line Defenders
FOS-Centroamérica
Fundación Heinrich Böll México, Centroamérica y El Caribe
Grupo Sur
Guatemala Komittee (Allemagne)
Guatemala Human Rights Commission (États-Unis)
Guatemala Solidarität Österreich (Autriche) 
Guatemalagruppe Nürnberg e. V. (Allemagne)
Guatemalanetz Bern (Suisse) 
Hondurasdelegation
ICCO Cooperation (Pays-Bas)
IEPALA-UCM (Espagne)
Informationsgruppe Lateinamerika–IGLA (Autriche) 
Iniciativas de Cooperación Internacional para el Desarrollo (ICID)
INKOTA-netzwerk)
Fédération internationale des droits de l’Homme (FIDH) (France)
INTERTEAM (Suisse)
International Service for Human Rights (ISHR)
Kindernothilfe e.V. (Allemagne)
Komitè Global Local Bolzano (Italie)
Manitese (Italie)
Manos Unidas (Espagne)
Medico International Suisse
Menschenrechtskette Honduras (Cadena de Derechos Humanos Honduras, CADEHO) 
Misereor (Allemagne)
Movimiento por la Paz el Desarme y la Libertad (MPDL)
Mundubat (Espagne)
Nicaragua-Forum Heidelberg (Allemagne)
Nicaragua-Verein Düsseldorf e.V. (Asociación Nicaragua en Düsseldorf) (Allemagne) 
Observatorio protección defensores derechos humanos (FIDH, OMCT)
Ökumenisches Büro für Frieden und Gerechtigkeit 
Oxfam en Honduras (Honduras)
Oxfam Solidarité (Oxfam Solidaridad) (Belgique)
Peace Watch Switzerland (PWS) (Suisse)
Plataforma de Solidaridad con Chiapas y Guatemala de Madrid (Espagne)
Plataforma Internacional contra la Impunidad
Germantown Mennonite Church, Philadelphia, Pennsylvania, (États-Unis)
Red de Apoyo a Defensores y Defensoras de Derechos Humanos (DEFENRED)
Red de solidaridad con el pueblo de Guatemala en Zurich (Suisse)
Red Europea de Comités Oscar Romero
Regional Latinoamericana de de la Unión Internacional de Trabajadores de la Alimentación, Agrícolas, Hoteles, Restaurantes, Tabaco y Afines (Rel-UITA)
Rompiendo el Silencio
Solfindos
Solidair Met Guatemala
Solidaridad Mundial (Belgique)
Solidaridad Suecia-América Latina (Suède)
SOLIFONDS (Zurich)
SweFOR – Movimiento Sueco por la Reconciliación (Suède)
Terre des hommes (Suisse)
Transnational Institute (TNI) (Pays-Bas)
Trocaire (Irlande)
Urgent Action Fund for Women’s Human Rights
War on Want
We effect (Suède)
Forschungs- und Dokumentationszentrum Chile-Lateinamerika e.V. (FDCL) (Allemagne) 
Zapapres e.V. – Honduras-Koordination Hamburg (Allemagne)
AFSC (Comité de Servicio de los Amigos Americanos), Nacional (USA)
Black Mesa Indigenous Support, AZ (Etats-Unis)
Comité en Solidaridad con Guatemala, Iglesia Congregacional de Needham, Needham, MA (USA) Copper Country Guatemala Accompaniment Project, Hancock, Michigan (USA)
Denver Justice and Peace Committee, Denver, CO (USA)
Heart of the Sky Fair Trade, Spring Green, WI (USA)
Interfaith Committee on Latin America (IFCLA), St. Louis, MI (USA)
Kickapoo/Guatemala Accompaniment Project, Viroqua, WI (USA)
Lake Area Group Organizing in Solidarity with People of Guatemala-LAGOS, Minneapolis, MI (USA) 
Latin America Center, Josef Korbel School of International Studies, University of Denver (USA) Leadership Alliance of Nevada, Reno, NV (USA)
New Community Project, Peoria, AZ (USA)
New Mayas Society, St. Louis, MI (USA)
New Hampshire-Vermont Guatemala Accompaniment Project, NH/VT (USA)
NISGUA (La Red en Solidaridad con el Pueblo de Guatemala), Oakland, CA (USA)
Olympia Movement for Justice and Peace, Olympia, WA (USA)
Raizes Collective, Santa Rosa, CA (USA)
Santa Elena Project of Accompaniment-SEPA, Oberlin, OH (USA)
Toward Right Relationship Project, Boulder CO Friends Meeting, Boulder, CA (USA) 
Showing Up for Racial Justice (SURJ) Tucson, Tucson, AZ (USA)
Unitarian Universalist Church of Arlington-Partners for Arlington and Guatemala (UUCA-PAG) (USA) 
Unitarian Universalist Ministry for Earth, Nacional (USA)
Unitarian Universalist Service Committee, Nacional (USA)
Wyoming Accompaniment Project-WYGAP, Laramie, WY (USA)
Young People for Change, Los Ángeles, CA (USA)
Guatemala/Canada Solidarity Network of Kingston (Canada)
Guatemala Community Network-Toronto (Canada)
Guatemala Research Group, University of Northern BC, Prince George, BC (Canada) 
Solidaridad de Austria con Guatemala (Autriche)
Collectif Guatemala (France)

Version disponible en espagnol et en anglais

 

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Interview du défenseur hondurien Donny Reyes

01/06/2016

Le magazine Altermondes publie une interview de Donny Reyes, un défenseur hondurien des droits LGBT, en tournée avec PBI France en octobre dernier.

Pour le lire cliquez-ici.

 

 

Avocats au Honduras – Une profession à haut risque

22/01/2016

Le vendredi 22 janvier, journée des avocats en danger, sera consacrée au Honduras. Partout en Europe, auront lieu des manifestations devant les ambassades et consulats du Honduras, en solidarité avec les avocats et défenseurs des droits humains honduriens menacés, agressés et assassinés pour leur travail de défense de la loi et des droits humains.

Au Honduras, l’exercice d’avocat est devenu une profession risquée : les avocats sont l’objet d’assassinats, séquestrations et menaces contre eux et leur famille. Dans ce pays d’Amérique centrale, on assassine plus d’avocats que dans n’importe quel autre pays. La Commission nationale des droits humains (CONADEH) a enregistré 89 morts d’avocats entre 2010 et mars 2015, avec une impunité de  82%.[1] Le nombre d’avocats qui souffrent d’attaques et d’intimidations est incalculable.[2]

Depuis le coup d’Etat de 2009, le Honduras a connu une escalade de violation des droits humains sans précédent, et les attaques à l’encontre des défenseurs des droits humains sont devenues la norme, dans un contexte d’affaiblissement de  l’Etat de droit.[3] L’absence de réponse adéquate de l’Etat a été ouvertement condamnée par la Commission interaméricaine des droits de l’Homme et par différentes agences des Nations unies. Ainsi, tout avocat, procureur et juge chargé d’affaires en lien avec des violations de droits humains, violence ou corruption de l’Etat, doit exercer sa fonction en situation de risque.[4]

Des volontaires de PBI Honduras accompagnent l’enterrement de Juan Francisco Martinez, membre du Mouvement autochtones Lenca pour la Paix, assassiné en janvier 2015.

Les Brigades de paix internationales (PBI) ont suivi avec une préoccupation croissante la forte détérioration, depuis le coup d’Etat de  2009, de l’espace de défense des droits humains pour les avocats, communautés, organisations et défenseurs.

Depuis 2013, PBI Honduras a commencé un travail de soutien des défenseurs des droits humains au Honduras, grâce à l’accompagnement international et au soutien d’initiatives locales contribuant au renforcement d’une culture de paix et de justice.

PBI Honduras accompagne actuellement l’équipe d’avocat du Centre hondurien de promotion du développement communautaire (CEHPRODEC), qui assiste des membres des communautés autochtones et paysannes s’opposant à l’installation de projets hydroélectriques et miniers sur leurs territoires.

Entre 2012 et mars 2014, près de 111 défenseurs environnementaux et du droit à la terre ont été assassinés au Honduras, et beaucoup d’autres souffrent d’attaques physiques et de persécution systématique, faisant du Honduras l’endroit le plus dangereux au monde pour ces défenseurs.[5] Les avocats défendant le droit à la terre sont donc particulièrement vulnérables.

Selon Donald Hernandez, membre du CEHPRODEC, « le support des organisations internationales telles que PBI recueillant les témoignages des attaques et les rendant publiques au niveau international […] nous aide à prévenir ces attaques qui historiquement ont toujours eu lieu. »

Le 22 janvier 2016, PBI s’unira aux avocats, activistes des droits humains et défenseurs partout en Europe pour mettre en lumière la situation des avocats Honduras et demander au gouvernement hondurien de prendre les mesures nécessaires à la protection des avocats en danger.


[1] http://nl.dayoftheendangeredlawyer.eu/wp-content/uploads/sites/2/2015/12/REPORT-ON-LAWYERS-VIOLENT-DEATH-CONADEH.pdf

[2] http://nl.dayoftheendangeredlawyer.eu/wp-content/uploads/sites/2/2015/12/Briefing-on-the-situation-of-Honduran-Lawyers_ELDH_nov21.pdf 

[3] https://www.amnesty.org/en/latest/news/2012/09/honduras-killing-human-rights-lawyer-sows-fear/ 

[4] https://www.hrw.org/world-report/2015/country-chapters/honduras    

[5] www.globalwitness.org/en-gb/campaigns/environmental-activists/how-many-more/

 

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Interview de Manon et Sylvain, ex-volontaire de PBI Honduras

Pouvez-vous nous décrire le travail de PBI au Honduras ?

Manon : Nous accompagnons depuis 2014 la journaliste Dina Meza qui défend la liberté d’expression et les droits humains. Dans ce cadre, en plus de son travail de journaliste, elle met en place des actions légales en faveur des droits humains et accompagne des défenseurs, étudiants criminalisés, journalistes et féministes, tous menacés par leur travail. Nous l’accompagnons dans ses conférences de presses et diverses actions légales et de formation auprès de ces personnes. Nous accompagnons également CEHPRODEC, le Centre Hondurien pour la Promotion du Développement Communautaire, une organisation  qui aide les communautés paysannes et indigènes dans la défense de leur territoire contre des entreprises et mégaprojets miniers et hydroélectriques. Beaucoup font face à des procès pour usurpation du territoire de la part d’entreprises ou de propriétaires terriens, et sont criminalisés et malmenés par la police et les autorités locales.  Nous observons des procès, des manifestations et accompagnons également Cehprodec dans ses activités de formation aux communautés dans tout le pays. Depuis 2015, nous accompagnons également l’association Arcoiris de défense des droits LGBTI, et le Mouvement des Femmes pour la Paix Visitación Padilla, dans diverses activités de plaidoyer auprès des autorités nationales, ainsi que dans leurs actions légales, leurs réunions et activités internes, mais toujours en tant qu’observateurs internationaux, respectant le principe de non-ingérence.

Sylvain : Nous sommes toujours par équipe de deux lors de nos déplacements et nous alternons les équipes de deux dans les différentes missions et les accompagnements, ce qui nous permet de toucher tous et toutes à différents sujets. Nous réalisons beaucoup de visites dans les bureaux des défenseurs et les sièges des organisations. Il s’agit de visibiliser leur espace de travail et de montrer le soutien de la communauté internationale. Nous faisons également beaucoup de travail auprès des autorités. Depuis l’arrivée de PBI au Honduras, il faut expliquer ce qu’est l’accompagnement international, ce qui n’est pas très facile dans un pays où le concept est nouveau, contrairement au Guatemala ou en Colombie où PBI est présent depuis 20-30 ans. Durant les premières réunions, il fallait donc surtout expliquer les missions de PBI. La réception est plutôt bonne de la part des autorités nationales, qui sont curieuses de savoir ce que l’on vient faire ici. Il faudra voir dans quelques années si nous sommes vraiment écoutés. Les relations avec les autorités locales sont plus difficiles, sachant qu’ils diffament constamment les défenseurs des droits humains que nous accompagnons.

Le Honduras est un pays particulièrement violent, notamment pour les femmes, comment l’avez-vous vécu ?

Manon : PBI  prête une attention spéciale à la mixité dans les équipes et au respect mutuel. Au Honduras, dans un contexte patriarcal, le sexisme se ressent dans tous les espaces. Le harcèlement de rue est par exemple très fort, c’était très pesant au début, mais j’ai fini par m’y habituer, de la même manière qu’on s’adapte au fait de vivre dans le pays le plus violent du monde. Dans notre travail, le sexisme se reflète aussi dans les différentes réunions que l’on peut avoir avec les autorités, où les regards, les gestes, les commentaires de nos interlocuteurs peuvent être souvent déplacés. Il y a eu une véritable réflexion au sein de l’équipe sur la manière de contrer ça, et pour appliquer une « lunette de genre » sur notre travail.

Sylvain : Le Honduras connait un taux de féminicide dramatique depuis quelques années, considéré par l’OMS comme ayant atteint un niveau épidémique (leur nombre ayant presque quadruplé entre 2005 et 2013).[1] Cette réalité est très forte dans le quotidien, notamment quand on suit le travail de la défenseure des droits des femmes, Gladys Lanza, de l’organisation Visitación Padilla.

Concernant la sécurité générale, comme dans tous les pays où PBI intervient, il a fallu mettre en place un protocole de sécurité adapté au contexte du Honduras, et plus particulièrement pour les femmes volontaires. On a dû le faire à notre arrivée car il n’existait pas, en s’inspirant notamment de nos compagnon-nes de PBI Guatemala.  Pour tout le monde, il fallait par exemple s’adapter aux horaires de sécurité pour les déplacements : ne pas marcher en dehors de 7h du matin et 7h du soir dans la ville, ne pas voyager après 21h le soir.

Qu’est-ce qui vous a particulièrement marqué pendant cette année au Honduras ?

Sylvain : J’ai trouvé les questions de sécurité informatique particulièrement intéressantes : mettre en place des protocoles de sécurité très élevés, former les défenseurs aux dangers de l’interception des données privées, réalité particulièrement forte à l’heure actuelle. Nous sommes à un moment très intéressant, où de plus en plus de nouveaux outils se développent pour garantir la sécurité des données, notamment sur les smartphones. Ce sujet est particulièrement brûlant dans un contexte comme celui du Honduras, où il s’agit bien souvent d’une question de vie ou de mort. Il est primordial d’utiliser des canaux de communication sûrs, d’éviter de parler de n’importe quoi avec n’importe qui. Nous devions appliquer cette discipline au bureau de PBI, par exemple en utilisant systématiquement le cryptage de mail.

Manon : Ce qui m’a impressionné, c’est l’énorme charge de travail des défenseurs et leur capacité de résistance. Ils n’arrêtent jamais, résistent, ne perdent pas courage. J’ai aussi compris le poids que peut avoir PBI, notamment la force du plaidoyer,  qui a prouvé être efficace à plusieurs reprises. C’est un réel complément du travail de terrain. Grâce à la construction d’un réseau de relations, d’appui national et international, on a pu éviter plus d’une attaque ou tentative d’assassinat. J’ai compris que le travail de PBI est également un accompagnement moral,  émotionnel auprès des défenseurs. De manière tacite, un des éléments les plus importants du travail de PBI est de pouvoir soutenir les défenseurs dans les moments difficiles, qu’ils puissent nous faire confiance, pouvoir être présents au-delà des espaces professionnels que nous partageons.


[1] http://www.lemonde.fr/international/article/2015/06/25/le-honduras-face-a-une-epidemie-de-meurtres-de-femmes_4661149_3210.html

 

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PBI accueillera le défenseur hondurien des droits LGBTI Donny Reyes, du 5 au 8 octobre

29/09/2015

Donny Reyes est le coordinateur général de l’association Arcoiris, une ONG qui défend les droits des personnes LGBTI (Lesbiennes, Gays, Bi, Transsexuelles et Intersexuelles) au Honduras. Cette association, née en 2003, travaille sur des thématiques de santé intégrale, défense et promotion des droits humains de la diversité sexuelle hondurienne, plaidoyer politique et recherches.

Le Honduras, avec un taux d’homicide de 68 pour 100 000 habitants est considéré comme le pays en paix le plus dangereux au monde. Les crimes de haine envers la communauté LGBTI y sont très fréquents : en cinq ans, 174 meurtres ont été recensés, avec un taux d’impunité de 92%.

Les défenseurs des droits LGBTI sont eux aussi régulièrement victimes d’agressions, menaces et actes d’intimidation. A la suite de nombreuses menaces  reçues, Donny Reyes bénéficie depuis 2009 de mesures de protection de la Cour interaméricaine des droits de l’Homme.

PBI a ouvert un projet au Honduras en 2013, à la demande d’organisations locales de défense des droits humains qui ont senti la répression s’accroitre à leur égard après le coup d’Etat de 2009. PBI Honduras accompagne Arcoiris depuis 2015.

Donny Reyes sera en France à l’occasion d’une tournée dans plusieurs pays européens (France, Espagne, Suisse, Allemagne et Norvège). Il fait partie de la délégation de la plate-forme EPU-Honduras (Examen Périodique Universel), qui était jeudi 24 septembre devant le Conseil des droits de l’Homme à Genève afin de demander à l’Etat hondurien de respecter toutes les recommandations faites au mois de mai, lors du second Examen Périodique Universel du Honduras (l’EPU a lieu tous les quatre ans pour chaque pays).

PBI France souhaite profiter de la présence de Donny Reyes pour sensibiliser les autorités et l’opinion publique à la situation de la communauté LGBTI au Honduras et aux risques que prennent ceux qui défendent leurs droits. Il rencontrera  les responsables  de la Mission du Mexique, d’Amérique centrale et des Caraïbes du Ministère du Ministère des Affaires étrangères, le député Noël Mamère, des membres du Barreau de Paris Solidarité, ainsi que nos partenaires associatifs. Il sera également interviewé par des journalistes de RFI et du magazine en ligne Yagg. Enfin une rencontre publique sera organisée au CICP le mercredi 7 octobre à 19h. Nous vous attendons nombreux !

 

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Alerte - Fermeture croissante des espaces pour la liberté d’expression et situation sécuritaire de la journaliste Dina Meza

31/07/2015

L’objectif de cette Alerte est d’attirer l’attention de la communauté internationale sur la situation sécuritaire de la journaliste indépendante Dina Meza, accompagnée par les Brigades de Paix Internationales (PBI) depuis mai 2014. PBI est préoccupé par l’augmentation des incidents de sécurité rapportés le mois dernier en raison de son travail de journaliste et de ses activités de femme défenseure des droits humains.

Dina Meza est une journaliste hondurienne reconnue, et défenseure des droits à la liberté d’expression et d’information. Meza est la présidente de PEN Honduras et, dans le cadre de l’initiative « Journalisme et Démocratie », apporte un soutien juridique, éducatif et informatif à des journalistes et travailleurs du secteur des médias en situation de risque. Son travail est disponible dans son journal en ligne « Pasos de animal grande » et a conduit à des menaces à son encontre ainsi qu’à l’égard des membres de sa famille. Cette situation l’a obligée à s’exiler pendant près de 5 mois en 2013. Depuis 2006, Meza bénéficie de mesures de protection de la Commission interaméricaine des droits de l’Homme (CIDH), mais celles-ci ne sont pas correctement mises en œuvre. Il n’y a pas eu d’avancées dans les enquêtes sur les plaintes déposées par la journaliste, et bien qu’elle ait sollicité à diverses reprises l’accès à son dossier, à ce jour il ne lui a pas été autorisé.

Au premier semestre 2015, Dina Meza a rapporté 20 incidents de sécurité à PBI, dont au moins 13 ont eu lieu au cours du seul mois de juin. La journaliste établit un lien entre ces incidents et le travail qu’elle a mené au cours de ce premier semestre de l’année :

  • Le 8 avril, Meza a participé à la pré-session de l’Examen périodique universel (EPU) à Genève. Dans cet espace, elle a dénoncé les restrictions et les attaques à la liberté d’expression. Meza, de même que les autres représentants du mouvement social qui ont participé à cette rencontre, ont fait l’objet d’une campagne de diffamation de la part du Gouvernement hondurien.

  • Début juin, Meza a assisté et documenté l’audience lors de laquelle a été rendu le jugement en faveur de la communauté garifuna de Barra Vieja en Tela, poursuivie pour le délit d’usurpation de leurs terres ancestrales par l’Institut Hondurien de Tourisme et l’Entreprise Nationale Portuaire. Cette communauté a été expulsée à plusieurs reprises par les forces de sécurité de l’Etat.
  • Le 17 juin, Héctor Orlando Martinez Motino, président du Syndicat des Travailleurs de l’Université Nationale Autonome du Honduras (SITRAUNAH), a été assassiné au sein du Centre Universitaire Régional du Littoral Pacifique (Choluteca). Il était bénéficiaire de mesures de protection de la CIDH suite à des menaces et harcèlement dont il aurait été l’objet, conséquence directe de ses activités au SITRAUNAH. Meza et l’avocate Kenia Oliva accompagnaient le syndicaliste dans le cas d’une plainte déposée à son encontre par un professeur universitaire. Meza a dénoncé l’absence de réponse de la part du Mécanisme de Protection du Sous-Secrétariat à la Justice et aux Droits de l’Homme à la demande envoyée le 10 juin 2015. Les deux défenseures ont rapporté à PBI des actes d’espionnage autour de leurs domiciles. Le véhicule de Meza a été, selon le rapport de deux techniciens, saboté à deux reprises les jours précédant et suivant l’assassinat.
  • Meza a donné une visibilité aux plaintes rapportées par divers médias, en particulier Radio Globo et Canal 36 dans le cadre du suivi des cas de corruption présumée au sein de l’Institut hondurien de sécurité sociale (IHSS). Meza dénonce la censure imposée par l’Etat, qui a déclenché une vague d’accusations contre des journalistes pour diffamation, injure ou calomnie, de même que le contrôle des fréquences radio et la fermeture de nombreuses radios communautaires. 
  • Meza a suivi de près les marches aux flambeaux et la grève de la faim impulsée par l’ « Opposition Indignée », des manifestations qui réclamaient la création d’une Commission internationale contre l’impunité au Honduras (CICIH) et la démission du président de la République, Juan Orlando Hernandez. Meza a dénoncé l’expulsion de journalistes accrédités, de même que l’usage de manœuvres psychologiques, de violence physique et de persécution de la part des corps de sécurité publique lors de ces manifestations. Dans les jours suivants, Meza a rapporté avoir été l’objet de surveillance lors d’évènements publics et dans la rue.

L’augmentation des incidents de sécurité de la journaliste s’inscrit dans un contexte d’insécurité croissante et de fermeture des espaces pour la liberté d’expression. Six ans après le coup d’Etat, le Honduras reste un des pays les plus dangereux au monde pour l’exercice du journalisme. Depuis l’an 2000, Reporters Sans Frontières a enregistré 28 cas de journalistes ou collaborateurs des médias assassinés pour des raisons directement liées à l’exercice de leur profession. Au premier semestre 2015, C-Libre a enregistré 98 attaques à l’encontre de la liberté d’expression, avec une participation présumée d’acteurs faisant partie de la structure gouvernementale dans la majorité des cas, et huit assassinats de personnes travaillant pour les médias. Les trois derniers ont eu lieu en seulement dix jours. A cette situation alarmante s’ajoute un niveau élevé d’impunité qui génère encore plus de violence. PBI a reçu avec préoccupation les déclarations de représentants de l’Etat contre les journalistes, parmi elles celles du président du Congrès national, qui a demandé aux journalistes d’assumer eux-mêmes leurs propres mesures de sécurité, et celles du président de la République qui, dans le cadre de la célébration de la journée du journaliste au Honduras, a déclaré : « ces pseudo-journalistes occultent, déforment et inventent, dans leur volonté d’incendier le pays ».

Face à cette situation, PBI fait les recommandations suivantes à la communauté internationale :

  • Le 8 mai, le Honduras a reçu 152 recommandations dans le cadre de l’EPU. Parmi elles, 22 se réfèrent à la situation de la liberté d’expression. En vertu de ce processus, il est fondamental de donner suite et de solliciter l’application rapide de ces recommandations de la part du Gouvernement.
  • En cohérence avec ce qui est établi dans les instruments qui veillent à la protection des personnes défenseures des droits, les Lignes directrices de l’Union européenne, de la Suisse, la Norvège et la Déclaration de l’ONU pour la protection des personnes défenseures des droits humains : se prononcer publiquement face à la mise en œuvre inadéquate des mesures de protection de la CIDH octroyées à des personnes défenseures des droits, à des journalistes et collaborateurs des médias en situation de risque.
  • Le 15 mai 2015, la Loi portant protection des journalistes, communicants sociaux et opérateurs de justice a été approuvée. Il s’agit de garantir que dans le cadre de cette loi, des mesures de protection adéquates et efficientes soient apportées aux journalistes en risque. En particulier, demander au gouvernement hondurien de prendre en charge les mesures positives destinées à reconnaître le travail réalisé par les personnes défenseures des droits et sanctionner opportunément toute stigmatisation contre des activistes, qu’elle provienne d’instances publiques ou privées.

 

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Le combat quotidien de Dina Meza, journaliste et défenseure des droits humains au Honduras

 25/03/2015


Article de PBI Estado Español, traduit par Manon Cabaup

“Si j'ai peur? Mon grand problème est ma peur de ne rien faire alors que mes enfants ont besoin d'un pays différent. Je ne peux pas laisser à mes enfants un pays dans les conditions dans lesquelles se trouve le Honduras aujourd'hui. Nous devons nous battre, parce que mon pays a besoin d'une situation différente. Il a besoin de justice, de démocratie, de liberté d'expression et d'égalité.” Ce sont les mots de la journaliste Dina Meza lorsqu'on l'interroge sur comment elle vit et affronte sa situation de risque. Depuis des années, elle est victime de constantes attaques et menaces. Et pas seulement elle, puisque les membres de sa famille sont également visés.

Dina a commencé son combat pour la défense des droits de l'Homme en 1989, lorsqu'un de ses frères a été séquestré et torturé. En ce temps-là, le Honduras était déjà un pays avec de grandes inégalités sociales et une constante répression de la protestation sociale. Répression qui a continué tout au long des décennies suivantes et qui s'est accrue lors du coup d’État de 2009. Dans ce contexte, les personnes comme Dina Meza, défenseures de la liberté d'expression et du droit à protester face aux injustices, deviennent hautement vulnérables et doivent faire face à une situation de risque permanente.

C'est ainsi qu'il en a été pour elle. Une des situations les plus dures qu'elle a dû affronter a été l'assassinat de son collègue, l'avocat Dionisio Diaz Garcia, en décembre 2006. Ils faisaient tous deux une enquête sur les conditions de travail des gardes d'entreprises de sécurité privée. Durant toute leur enquête, ils ont reçu de multiples menaces à travers des messages téléphoniques, étaient suivis et constamment sous surveillance. En raison de cette situation de risque, la Cour interaméricaine des droits de l'Homme (CIDH) a octroyé à Dina Meza des mesures provisoires de protection en 2006, mais cela ne l'a pas empêchée d'être l'objet d'attaques. Elle a elle-même souligné à diverses reprises que l’État n'appliquait pas ces mesures de protection.

Dina fut également l'objet d'intimidations et de harcèlement en raison de son travail pour les droits humains dans d'autres organisations, où elle a réalisé un travail de défense des droits à la terre et au territoire, des droits du travail ou encore des droits des femmes. Elle a centré une grande partie de son travail de journaliste sur le conflit agraire dans le Bajo Aguan, et tout laisse penser qu'elle a été l'objet de menaces en raison de ses recherches et dénonciations autour de cette problématique.

La situation de Dina n'est pas un cas isolé au Honduras. Selon des chiffres du Commissariat national des droits de l'Homme (CONADEH), en un peu plus de dix ans, 41 morts violentes de journalistes et personnes exerçant la communication sociale ont été enregistrées, des chiffres qui alertent quant à la vulnérabilité de ce corps de métier. Uniquement en 2013, 191 agressions et 11 assassinats ont été enregistrés, selon le rapport 2013 sur la liberté d'expression de C-Libre. L'organisation Freedom House a révélé que le Honduras et le Mexique sont deux des pays les plus dangereux au monde pour les journalistes.

“32 collègues ont été assassinés depuis le coup d’État de 2009, leurs familles sont terrorisées, certains ont laissé des enfants orphelins. Qui va leur dire la vérité lorsqu'ils seront grands? Qui leur expliquera que leur mère ou leur père est mort à cause de son métier de journaliste? La liberté d'expression au Honduras est attaquée dans ses fondements”, a affirmé la journaliste lors d'une audience devant la CIDH sur les assassinats de journalistes et l'impunité au Honduras. A cela s'ajoute le manque d'enquêtes rigoureuses sur ces assassinats de la part des autorités compétentes. Pour Dina, celles-ci se cachent derrière l'argument selon lequel ces morts n'auraient aucun lien avec le travail journalistique des personnes assassinées.

Dina Meza affronte sa situation avec beaucoup d'intégrité. Sûre de ses principes, ni les menaces, ni le harcèlement, ni même l'exil temporaire auquel elle a dû recourir il y a quelques années, n'ont paralysé son activité. “Le dilemme est de savoir si nous nous taisons ou si nous laissons cette situation nous faire taire (…). C'est une décision très délicate car elle touche à toutes les sphères de nos vies, la famille, notre entourage, notre vie, mais si ils arrivent à nous effrayer et à nous paralyser définitivement, cela revient à contraindre notre existence et à rester des esclaves de la peur”, avance Dina avec toute la force de ses convictions.

Et elle résume, convaincue et intègre: “Si je tais la vérité, c'est l'impunité qui gagne.

 

 

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Présence Internationale n°97 : spécial Honduras

21/02/2015

Retrouvez le dernier numéro de Présence Internationale, notre revue trimestrielle. Cette édition est entièrement dédiée au travail de PBI au Honduras. 

Au sommaire:


- Edito, par Véronique Fayet, Présidente du Secours Catholique - Caritas France
- Le Projet PBI Honduras en chiffres
- Visite en France du défenseur de droits humains Donald Hernandez
- La liberté d'expression au Honduras : à quel prix?
- La lutte pour la terre dans la région du Bajo Aguan
- Entretien avec Giovanna Teijido, coordinatrice du Projet PBI Honduras
- Entretien avec Nathalie Garcia et Isabel Esquerdo du Secours Catholique
- La militarisation de la sécurité et la persécution des défenseurs de droits humains
- Rencontre avec Manon et Sylvain, deux volontaires français au Honduras
- Les actualités de PBI France

Exemplaire à télécharger ici!

Bonne lecture!

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PBI Honduras recrute de nouveaux volontaires pour son projet au Honduras!

15/09/2014 

Les candidatures sont ouvertes jusqu'au 26 octobre 2014. Une semaine de formation aura lieu en avril 2015, pour les candidats pré-sélectionnés, pour un départ sur le terrain prévu au deuxième semestre 2015. 

Lire la fiche de poste

Renvoyer les documents suivants à formacion(at)pbi-honduras.org : 
Formulaire de candidature 
Deux références 
 

Plus d'informations sur le projet Honduras

 

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Manon et Sylvain, deux nouveaux volontaires au Honduras!

03/09/2014

A quelques jours de leur départ pour le Honduras, PBI France s'est entretenu avec Manon Muti et Sylvain Mignot, deux futurs volontaires français pour le nouveau projet de PBI au Honduras.

Comment avez-vous connu PBI?

Sylvain: J’ai connu PBI par Manon, qui avais déjà lu des informations. Et en 2012, connaissant un peu cette ONG, on a vu une offre de PBI Colombie et j’ai postulé au poste de fundraiser, où j’ai été recruté. Je me suis retrouvé en Colombie d’avril 2012 à octobre 2013. J’y ai découvert un peu le travail de terrain, à travers le prisme du travail administratif. Mais je dois avouer que je me voyais carrément sur le terrain! De temps en temps, face à une situation d’urgence sur le terrain, les équipes avaient parfois un peu de mal à répondre et avaient alors besoin d’une personne supplémentaire. Ca m'est arrivé le week-end ou même le soir, de partir sur le terrain et c’est comme ça que j’ai connu toutes les équipes de terrain. De fait, j’ai connu les différentes phases de l'accompagnement, j’ai pu voir la préparation, les appels aux autorités, et puis les accompagnements directement.

Manon: Moi j’ai connu PBI par deux ex volontaires (une au Mexique et une en Colombie), et en fouillant un peu sur le site internet j’ai commencé à m’intéresser à l’ONG. J’étais trop jeune à l’époque pour candidater. Mais l’envie de postuler comme volontaire ne m’a jamais quittée. En arrivant en Colombie, j’ai beaucoup côtoyé les volontaires de PBI Colombie. J’ai vraiment découvert ce qu’était leur travail au quotidien et j’ai trouvé ça passionnant, et beaucoup plus complet que ce que j’avais pu voir sur le papier. Je me suis alors dit que j’avais vraiment envie de faire ça, de tenter l’expérience, l’aventure. La protection internationale, c’est quelque chose que moi je ne connaissais pas du tout ; c’est un monde qui s’est un peu ouvert à moi, et cette démarche de protection et d’accompagnement des défenseurs des droits de l’Homme est vraiment passionnante et beaucoup plus complète que ce que l’on connaît ici depuis la France.

Pourquoi avoir choisi le Honduras? Qu'est-ce qui a motivé votre choix pour ce pays?

Sylvain: Avant de connaître PBI, j’ai travaillé au Honduras en 2010. Je suis arrivé un petit moins d’un an après le coup d’Etat. En arrivant, j'ai tout de suite senti l’atmosphère de répression et d’insécurité qu’il peut y avoir là-bas. Je travaillais pour les Nations unies et je bossais directement dans une zone sur la Côte Pacifique, et même si je travaillais sur les risques naturels, le thème des droits de l’Homme est arrivé naturellement. En habitant à Tegucigalpa, on ressent vraiment la répression des gens dans les mouvements sociaux, des journalistes, des avocats, dans les milieux LGBTI aussi. A l’époque, je ne connaissais pas d’ONG d’accompagnement qui travaille sur place. A mon arrivée à PBI Colombie, j’ai entendu parler de la mission exploratoire de PBI au Honduras et je m’y suis tout de suite intéressé. J’avais accès à toute la documentation interne là-dessus. J’ai toujours suivi ça d’assez près. Et au moment de quitter PBI Colombie, j’étais déjà sur les rails pour postuler au Honduras.

Manon: J’ai fait un master en coopération internationale et développement. Je suis plutôt spécialisée sur tout ce qui est études de genre et droits des femmes. J’ai connu PBI en Colombie, où je travaillais comme fundraiser au sein de l'ONG SISMA Mujer, et j’ai voulu pouvoir poursuivre dans les droits de l’Homme mais d’un autre point de vue, c’est-à-dire en n'étant pas dans les organisations locales, mais du point de vue de l’observation et de l’accompagnement international. Le Honduras, je connaissais très peu. C’est un pays qui est méconnu de la plupart des gens, un peu comme toute la région d’Amérique centrale. Cela m'a attirée car c’est un projet nouveau, et c’est un peu un challenge. C’est l’idée qu’on va aider à installer un nouveau projet, dans un pays où le contexte socio-politique est très instable. Il y a eu un coup d’Etat il y a cinq ans, aujourd’hui il y a de graves attaques contre les défenseurs des droits de l’Homme. Cette équipe est toute nouvelle, tout est à faire : se faire connaître de la communauté internationale, connaître les organisations sociales, voir ce que l’on peut construire ensemble.

A quelques jours du départ, avez-vous déjà une idée précise de ce qui vous attend une fois sur le terrain?

Sylvain: On sait qu’en arrivant au Honduras, on a deux semaines de formation qui nous attendent. Tegucigalpa, moi je connais directement pour y avoir vécu, mais en plus on y est passés au mois de mai dernier lors d’un voyage itinérant. On connaît déjà la maison, on connaît les volontaires aussi. Après concrètement, le travail de terrain, on va le découvrir en arrivant là-bas. Je pense que l'on arrive dans une phase où il va y avoir pas mal de demandes d’accompagnement, il va falloir les étudier, les sélectionner, voir où ce sera le plus efficace d’appliquer les ressources d’accompagnement de PBI. C'est aussi le moment d'asseoir la place et la réputation de l’organisation, avec une équipe qui va grandir assez vite dans les prochains mois.

Manon: On a suivi une semaine de formation aux alentours de Milan, en Italie, en juin dernier, où on nous a expliqué la structure de PBI international, la structure du projet, les accompagnements... Pour le moment, l'équipe accompagne une journaliste -Dina Meza- et une organisation sociale locale -le CEPRODHEC. L’idée c’est d’étendre petit à petit le travail d’accompagnement. Pour le moment, les volontaires font surtout un travail quotidien informatif, d’analyse des droits de l’Homme dans le pays, vont rendre visite dans les bureaux des défenseurs et des organisations, et accompagnent des défenseurs dans leurs déplacements stratégiques sur le terrain. Après, il y a tout le travail de plaidoyer, avec les autorités locales, nationales et internationales, pour faire connaître la situation des droits de l’Homme et de ces organisations-là aux autorités et puis en même temps faire connaître le travail de PBI, donner à connaître le nom de l’ONG, notre travail, pour installer une certaine dissuasion et faire que notre travail marche là-bas. L’idée du projet, c’est également de développer tout le côté formation aux organisations accompagnées, c’est-à-dire formation sur la protection, la sécurité informatique, protection physique, émotionnelle, psychosociale, et ça c’est un travail très intéressant et très important pour compléter le travail d’accompagnement physique et politique.

Manon et Sylvain intégreront le projet Honduras à partir du 15 septembre 2014, et rejoindront une équipe de volontaires de différents horizons professionnels et de différentes nationalités: chilienne, hollandaise, anglaise, allemande et espagnole. Nous leur souhaitons un bon voyage et surtout, une bonne mission!

 

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Premier bulletin du projet de PBI au Honduras

25/07/2014

Le projet PBI Honduras qui a débuté l'année dernière a envoyé dans le cours de l'été son premier bulletin. Vous pourrez lire dans celui-ci les derniers développements du projet notamment en ce qui concerne les accompagnements protecteurs. PBI Honduras concentre, pour l'instant, son action principalement autour de deux thèmes qui correspondent également aux premiers accompagnements officiels:

  • D'une part la défense du droit à la libre expression en soutenant la journaliste Dina Meza.
  • D'autre part, un travail autour de la thématique du droit à la terre, au territoire et à l'alimentation qui se manifeste à travers l'accompagnement du Centre hondurien de promotion du développement communautaire - CEHPRODEC (Centro Hondureño de Promoción para el Desarrollo Comunitário). 

Retrouvez ce bulletin ici: English Español 

 

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Honduras: Rapport de PBI sur les droits humains et les élections

18/03/2014

 

Dans un récent rapport, PBI Honduras traite de la situation des droits humains dans le pays, ainsi que de l’élection présidentielle du 24 Novembre 2013. Une équipe de volontaires a débuté son travail sur place peu avant cette dernière.

Suite au coup d’Etat de 2009, la situation des défenseur-se-s des droits de l’homme au Honduras s’est considérablement dégradée. En effet, malgré les mesures prises en lien avec les élections de Novembre 2013 – comme par exemple la signature par les candidat-e-s à la présidentielle d’un « Pacto Nacional por los Derechos Humanos » (Pacte national pour les droits de l’homme)  - la situation reste malheureusement inchangée. 

Avec l’aide d’exemples concrets de défenseurs des droits humains victimes d’agressions, PBI Honduras décrit le contexte dans lequel a lieu cette violence: la militarisation et la criminalisation sont omniprésentes, tout comme la diffamation des militant-e-s. Ceci touche particulièrement les militants LGBT (lesbiennes, gays, bisexuels, transgenres), les fonctionnaires de justice, les journalistes ainsi que les femmes, tous s'engageant pour le respect des droits humains.

Les élections du 24 novembre 2013

Déjà avant les élections, les sondages d’opinions suggéraient une insatisfaction générale des Hondurien-ne-s face à leur système politique ainsi qu’à l’égard des institutions étatiques. Avec 36% des voies en sa faveur, Juan Orlando Hernández, candidat du Partido Nacional, a été élu président par le peuple. Alors que les réactions internationales semblent positives, les organisations nationales ainsi que les ONG ont toutefois signalé des irrégularités dans le processus électoral, tels que des problèmes techniques aux bureaux de vote.

Lire le rapport de PBI Honduras (françaisespagnol ou anglais).