Partie avec PBI-Mexique, Manon Yard revient sur son année de volontariat aux côtés de défenseur.e.s des droits humains des Etats de Chihuahua et Coahuila pour le site internet Alterlatine. Retrouvez l'article original avec toutes les photos et vidéos ici.

 

Chihuahua

Ville de Chihuahua, Mexique.

Quand je dis que j’ai vécu à Chihuahua, tout au nord du Mexique, les gens me demandent souvent « mais qu’est-ce que tu as bien pu aller faire là-bas ? ». Pour bien des mexicains, Chihuahua évoque en effet surtout la violence de la « guerre contre la drogue », menée par le gouvernement mexicain depuis maintenant plus de dix ans. Ciudad Juarez, située à l’extrême nord de l’État de Chihuahua, à la frontière avec les Etats-Unis, a ainsi été considérée, entre 2008 et 2012, comme la ville la plus violente au monde. Depuis, le niveau de violence a beaucoup baissé, mais ce n’est pas pour autant exactement devenu une zone touristique… Ce n’est donc pas en tant que touriste ou étudiante en échange universitaire que j’ai vécu là-bas, mais en tant que volontaire pour une organisation non-gouvernementale internationale, Peace Brigades International (PBI), dont l’objectif est d’apporter protection et soutien à des défenseur.e.s des droits de l’Homme menacés en raison de leur travail, dans des zones de conflit.

Protéger, en étant présents

PBI est né au début des années 80 dans le contexte des conflits armés en Amérique centrale, autour d’un concept assez simple : envoyer des internationaux auprès d’activistes menacés, afin que la présence physique à leurs côtés décourage toute attaque à leur encontre. L’objectif était d’incarner ainsi la préoccupation de la communauté internationale et d’augmenter le « coût politique » de ces attaques : pour bien des Etats, que des internationaux soient tués, blessés ou tout simplement témoins de violences à l’encontre de représentants de la société civile, cela « fait tache » et risque d’attirer une attention internationale non désirée sur ce qui se passe dans le pays.

Depuis, le concept s’est largement étoffé et PBI œuvre à apporter une protection internationale intégrale à ces défenseur.e.s, qui passe par l’accompagnement physique mais également par la construction et la mobilisation de réseaux de soutien internationaux pouvant réagir en cas d’urgence, par le dialogue régulier avec les autorités civiles et militaires, par le renforcement des capacités de la société civile en matière de sécurité et protection et par des activités de communication et plaidoyer au niveau international. Le principe de non-ingérence est au cœur du mandat de PBI : il ne s’agit à aucun moment d’agir à la place de ceux qui disposent de la majeure légitimité à agir, les acteurs locaux, mais de faciliter et protéger leur travail. À l’heure actuelle, les équipes de volontaires PBI effectuent ce travail d’accompagnement protecteur en Colombie, au Guatemala, au Honduras, au Kenya et au Mexique.

Quel engagement sur le terrain ?

Le volontaire PBI type est, en général, âgé de 25 à 35 ans, et de sexe féminin (il y a environ 1/3 de volontaires hommes) et provient plutôt d’un pays européen ; mais la tendance change et nous retrouvons de plus en plus de volontaires latino-américains (Chiliens, Mexicains et Colombiens en tête) sur le terrain, dans la région. L’engagement comme volontaire dure entre un an et un an et demi et tous les frais (hors vacances et loisirs) sont couverts par l’organisation.

En ce qui me concerne, j’ai passé une année à Chihuahua en 2014-2015 dans une « petite » équipe (de 4 à 6 personnes), chargée de couvrir deux Etats, ceux de Chihuahua et Coahuila, qui comptent parmi les plus étendus du Mexique ! Mes coéquipiers provenaient d’Italie, de Suisse, du Chili, du Portugal, d’Irlande et des Pays-Bas. Chaque volontaire était le référent d’une organisation accompagnée ; moi j’étais en relation avec le Centre de Droits de l’Homme Paso del Norte, une organisation de Ciudad Juarez qui travaille principalement sur des cas de torture et de disparition et accompagne les familles des victimes.

C'est d'ailleurs à Ciudad Juarez que je me suis déplacée pour la première fois (les déplacements se font toujours à deux et avec les t-shirts ou gilets PBI qui permettent de nous identifier) et, avant de partir, honnêtement, je ne faisais pas la fière ! Mais en réalité je ne me suis jamais sentie mise en danger au cours de cette année, en grande partie parce que PBI accorde une très grande importance à la sécurité de ses volontaires : une analyse de la situation de sécurité est faite régulièrement et avant tout nouveau voyage, de nombreux protocoles de sécurité sont en place et nous informons toujours les autorités ainsi que nos ambassades de nos déplacements.

 

Manon Yard (à droite) lors d'un atelier de formation avec les membres d'une organisation accompagnée par PBI.

Le Mexique, entre souffrance et courage

Ce qui m’a le plus marquée au cours de mon année : tout d’abord, la thématique des disparitions, extrêmement forte dans le nord du Mexique et qui est devenue omniprésente dans tout le pays en 2014 avec la disparition de 43 étudiants de l’École Normale d’Ayotzinapa (État du Guerrero). Ce n’est malheureusement en aucune manière un cas isolé, mais il aura permis de révéler à la communauté internationale l’ampleur du drame que vivent des milliers de familles de disparus, les obstacles et les risques qu’elles ont à affronter au quotidien dans leur quête de la vérité, mais également l’implication (par action ou par omission) des forces étatiques dans bien des cas de disparition.

La souffrance des familles de personnes disparues, la torture permanente que représente l’incertitude sur le sort d’un être cher, ce sont des choses que je ne pourrai jamais oublier. Ce qui m’a aussi marqué du début jusqu’à la fin de ma mission avec PBI, c’est le courage des défenseur.e.s que j’ai rencontré.e.s. Courage tout simplement de rester dans une ville ou une région gangrenée par la violence, où tout pousse à partir ; courage aussi de s’engager, de défendre des causes mal perçues par la population, au péril de sa propre vie et de celle de son entourage. Ca a été pour moi une vraie inspiration que de rencontrer ces personnes et un honneur d’avoir pu contribuer, à mon échelle, à leur protection. 

À mon retour du Mexique… j’étais crevée ! C’était une année riche en émotion et le rythme de travail dans une équipe PBI est intense. En même temps, c’était aussi sans aucun doute l’expérience la plus passionnante que j’ai vécue, elle m’a transformée et rendue plus sensible à la souffrance, à l’injustice et à l’impunité. Je souhaitais donc mettre à profit mon expérience de terrain en contribuant à rendre plus visible au niveau international le travail de ces personnes engagées dans la lutte pour le respect de leurs droits, ce qui constitue pour eux un véritable facteur de protection, tout en revenant à une vie un peu plus « normale » (ne pas me préoccuper de la sécurité ou du couvre-feu, retrouver des horaires de travail acceptables, ou encore faire du vélo !). J’occupe ainsi depuis un peu plus d’une année et demie le poste de coordinatrice de plaidoyer pour PBI Suisse à Genève, cela me permet d’allier les deux !

 

Crédits : Alterlatine.

Alterlatine est une alternative pour celles et ceux qui souhaitent en savoir plus sur la culture latino-américaine, à travers l'histoire de personnes habitant en France et en Amérique latine.

 

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Mexique: Pasta de Conchos - La lutte pour la Justice

17.02.2017

Pasta de Conchos - The struggle for justice est un film réalisé par PBI UK, en février 2017, de 9 minutes, en espagnol avec sous-titres en anglais.

Voir la vidéo ici.

Au travers de la broderie comme mémoire textile de la violence, le documentaire Pasta de Conchos: The struggle for justice nous raconte l'engagement de Cristina Auerbach, défenseure des droits humains mexicaine accompagnée par PBI.

Son parcours débute en février 2006 lorsqu’une explosion à l'intérieur de la mine Pasta de Conchos, dans l'État de Coahuila au nord du Mexique, piège 65 mineurs. Très vite, l’entreprise propriétaire de la mine abandonne la recherche et le rapatriement des corps. En outre, ni l’entreprise, ni les autorités ne sont tenues pour responsables des violations des normes de sécurité de la mine. C’est alors que Cristina entreprend la lourde tâche de militer pour la récupération des corps restés ensevelis à l’exception de deux et d’exiger que justice soit faite pour les familles de ceux-ci.

Elle fonde pour cela l’organisation Familia Pasta de Conchos (OFPC), un réseau de membres de la communauté se composant principalement de femmes de la région minière de Coahuila qui luttent pour l’amélioration des conditions de travail pour les mineurs et des conditions de vie pour les communautés environnantes. En tant que fondatrice et directrice de l’OFPC, Cristina est au premier plan d’une lutte dangereuse contre certains des acteurs les plus puissants de l’Etat.

Article de PBI-Suisse

 

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Interview de Yolaine Delaygues

15/12/2016

Peux-tu présenter rapidement ton parcours avant de partir au Mexique, et pourquoi tu as choisi de partir vec PBI ?

Assez tôt dans mes études je me rends compte qu’il n’est pas question pour moi de faire un travail qui n’aurait pas de sens social ou environnemental. Je m’engage d’abord dans une filière humanitaire, au final j’effectuerai quasiment toutes mes expériences professionnelles au sein d’ONG de défense de droits de l’Homme. Je découvre l’Amérique latine avec un stage au Nicaragua, donnant du sens aux cours que j’avais suivi sur l’histoire de ce continent qui me fascinait tant, cet attrait restera toujours fortement ancré par la suite. Je passe ensuite presque cinq ans à Bruxelles travaillant sur la thématique entreprises et droits de l’Homme pour un réseau d’ONG. Connaissant PBI depuis quelques années, je décide alors de laisser les couloirs européens pour aller travailler sur le terrain. Je me suis particulièrement reconnue dans la façon de travailler de PBI, qui est là pour permettre aux ONG locales de faire leur travail en leur apportant protection sans se substituer à celles-ci. En plus, mon expérience était parfaite pour mieux appréhender le contexte économique et social à Oaxaca, où les grands projets économiques sont au cœur de nombreuses luttes.

Quels sont les axes prioritaires du travail de PBI à Oaxaca ? Quels défenseur.e.s as-tu accompagné.e.s ?

Oaxaca est un état très riche en ressources naturelles, et de ce fait, il attire de nombreux investisseurs tant nationaux qu’étrangers. Rassemblant 18 communautés indigènes sur les 65 que compte le Mexique, c’est l’Etat avec le plus de diversité ethnique et linguistique. Une grande partie du territoire est régie par un système d’us et coutumes qui gère en commun les terres (la terre reste une question centrale au Mexique et plus généralement en Amérique latine). L’arrivée d’investisseurs provoque souvent de profondes luttes internes, avec la propriété privée et l’intérêt du gain qui mettent à mal le tissu social de ces communautés. Oaxaca semble souffrir de cette fameuse « malédiction des ressources », où plutôt qu’enrichir les populations, celles-ci paient le prix fort de l’exploitation, qui a bien souvent un impact environnemental très lourd en plus de conséquences sociales désastreuses. PBI accompagne Educa AC, qui soutient de nombreuses communautés dans leur lutte contre des grands projets d’exploitation. Codigo DH est une organisation de référence sur la thématique entreprises et droits de l’homme, qui a suivi de près la consultation sur le projet d’éoliennes dans l’isthme de Tehuantepec et conseillé des communautés indigènes impactées par le projet. J’ai d’ailleurs pu aller sur place avec Sara Mendez, la directrice de l’organisation, lors de la 3e assemblée de résistance de la population de San Dionisio del Mar. Barca DH sensibilise également des communautés rurales à leurs droits.  

 La lutte contre l’impunité est l’autre volet du travail de terrain de l’équipe à Oaxaca. C’est une question sur laquelle travaillent les organisations accompagnées, que cela soit Codigo DH qui naît de l’organisation Comité 25 de Noviembre lancée suite à la terrible répression de 2006 qui secoua l’Etat (on peut trouver ici davantage d’information, en espagnol), Educa AC ou encore Consorcio Oaxaca.

La protection des femmes défenseures de droits de l’Homme est également l’une des priorités à Oaxaca, sur laquelle travaille en particulier Consorcio Oaxaca que PBI accompagne depuis cette année. L’organisation coordonne le réseau de défenseures sur Oaxaca et j’ai accompagné à plusieurs reprises Yésica Sánchez Maya défenseure féministe et avocate notamment lors de rassemblement du réseau. J’ai été vraiment impressionnée et inspirée par les femmes que j’y ai rencontrées, toutes autant engagées malgré les risques qu’elles encourent. 

Comment as-tu ressenti la question du genre dans ton travail, que ce soit lors des rendez-vous de plaidoyer, dans les accompagnements de défenseur.e.s ou au sein de l’équipe ?

La question du genre est particulièrement sensible au Mexique. Dans un pays majoritairement machiste, on le ressent déjà au quotidien et cela se traduit malheureusement au travail... Peut être de façon moins directe certes, mais il m’est arrivé en réunion de me sentir mal à l’aise sous le regard insistant de mon interlocuteur ou en traversant la cour dans une caserne de gendarmes en me rendant à une réunion. Selon les accompagnements ou les réunions que nous avions planifiés, nous tentions le plus possible de composer des équipes mixtes. Ceci étant dit il est arrivé que le couple de volontaires soit pris pour un véritable couple et cela a mené à des quiproquos assez cocasses – mais dans cette situation encore une fois il a fallu que ma collègue se justifie, et on n’a pas demandé quoi que ce soit à mon collègue. Même au sein des mouvements sociaux le machisme frappe – Consorcio Oaxaca accompagne des défenseures de droits de l’Homme qui ont été victimes de harcèlement et sensibilisent aux questions de genre.

Peña Nieto s’est fait élire en 2012 sur la promesse de mettre fin à la spirale de violence que connaît le Mexique depuis 2006, qu’en est-il, 4 ans après ?

Malheureusement les politiques mises en place n’ont pas suffisamment d’impact sur la vague de violence que connaît le Mexique depuis plus d’une décennie... Le journal la Jornada annonçait que septembre dernier avait été le mois où le plus d’homicides avaient été dénoncés depuis l’arrivée de Peña Nieto à la tête du gouvernement, soit 1974. Amnesty international dresse un sombre bilan de la situation et note la persistance de graves atteintes aux droits de l’Homme (cas de tortures et d’autres mauvais traitements, de disparitions forcées et d’exécutions extrajudiciaires).

Comment se passe au quotidien le travail au sein d’une équipe de PBI ?

Il y a un grand travail de préparation, d’analyse et de recherche accompagné d’une bonne dose de tâches administratives. Après bien sûr il y a des réunions et des accompagnements mais le travail de bureau en amont est assez impressionnant. Et  vu que le bureau est dans la maison des volontaires, c’est aussi une incroyable aventure de vie, habiter et travailler dans le même endroit. Cela créée des liens très forts ! Et il faut être prêt à réparer une fuite dans la maison, comme organiser une réunion avec les forces de l’ordre ou encore réparer la connexion internet... 

J’ai été impressionnée par la force des mouvements sociaux et environnementaux dans l’Etat. Malgré les enjeux économiques énormes, les risques tels que les harcèlements ou la répression, ces mouvements continuent à lutter, promouvoir les droits de l’Homme et à résister. Et ça n’est pas non plus toujours en vain ! Il reste encore beaucoup d’espoir.

Que vas-tu faire maintenant, continuer à travailler dans le domaine des droits humains ?

Je souhaite toujours travailler dans le secteur associatif, et j’espère pouvoir trouver une expérience qui me permettra de mêler droits de l’Homme et environnement, deux thématiques chères à mon cœur.

 

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Mexique : escalade de violence à Oaxaca

06/06/2016

Suite à la mobilisation de la population (principalement des professeurs) de Oaxaca concernant des réformes éducatives, de violents affrontements ont eu lieu entre des manifestants et les forces de police le 19 juin. Le bilan est lourd : 8 exécutions extra-judiciaires, 25 arrestations arbitraires et une trentaine de blessés. PBI demande, entre autres, au gouvernement de respecter le droit de manifester.

Mobilisation sociale contre des réformes éducatives

Depuis le mois de mai, plusieurs rassemblements et manifestations pacifiques, organisées par la Coordination nationale des travailleurs de l’éducation (CNTE), ont eu lieu dans la ville de Oaxaca, afin de s’opposer à de nouvelles réformes éducatives et promouvoir des pourparlers avec les autorités gouvernementales. Ces dernières ont cependant préféré l’utilisation de la force, mobilisant plus de 800 policiers chargés d’expulser les manifestants, non sans l’aide de gaz lacrymogène. Le 19 juin, de nombreux affrontements ont éclaté aboutissant à pas moins de huit exécutions extra-judiciaires.

Soutien national et international

PBI Mexique se dit préoccupé pour la sécurité des défenseur.e.s des droits humains et demande aux autorités étatiques et fédérales de garantir leur sécurité et leur travail. Le projet encourage également les autorités à respecter le droit à la manifestation sociale, à la liberté d’expression et de réunion du corps enseignants et de la société civile mexicaine. >> Lire le communiqué complet de PBI Mexique en anglais / en espagnol.

Plusieurs acteurs nationaux ont dénoncé les violences et demandé aux autorités étatiques et fédérales de trouver une solution pacifique au conflit. L’Espace civil d’Oaxaca a appelé les autorités à cesser d’utiliser excessivement la force et la répression contre les enseignants et la population civile, qui exercent leur droit de liberté d’expression et de manifestation. De même que le Front pour la liberté d’expression exige que les soins médicaux soient garantis pour les personnes blessées lors du conflit. D’autres acteurs tels que la Defensoría de los Derechos Humanos del Pueblo de Oaxaca et la Comisión Nacional de Derechos Humanos ont mis au point des mesures et renforcé leur présence.

Au niveau international, Amnesty International et le Washington Office on Latin America(WOLA) ont dénoncé ces actes de violence perpétrés par des forces de police. De plus, des représentants du Haut-Commissariat des Nations unies pour les droits de l’Homme se sont rendus sur place le 20 juin pour récolter des témoignages et des informations.

Une histoire qui se répète ?

Ces évènements entre en résonance avec le conflit de 2006 où plus de 373 personnes avaient été victimes de violations des droits humains. A l’époque, les affrontements avaient également débuté par l’expulsion violente des manifestants, pour la plupart des professeurs, par les forces de police. Le récent rapport présenté par la Commission de vérité de Oaxaca, fait état de disparitions forcées, d’exécutions extra-judiciaires et de torture systématique. A ce jour, seules deux enquêtes ont été finalisées. En raison du niveau de risque élevé pour les défenseur.e.s des droits humains dans la région, PBI Mexique maintient un bureau fixe à Oaxaca depuis 2008.

Pour plus d’information: Espace Civil Oaxaca  

 

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Disparitions au Mexique

01/03/2015

Retrouvez l'article du magazine Golias sur la défenseure mexicaine Diana Iris Garcia, en tournée avec PBI France du 21 au 24 janvier dernier.

Pour le lire, cliquez-ici.

 

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Disparitions au Mexique : tournée en France les 24-26 janvier d'une mère de disparu, Diana Iris Garcia

14/01/2016

Diana Iris Garcia fait partie du FUUNDEC (Forces Unies pour nos disparus à Coahuila), collectif qui regroupe des familles de disparus dans l'Etat de Coahuila, au Nord du Mexique. Ce collectif a été fondé en 2009, en réponse à l’incapacité des autorités mexicaines de faire face à la vague de disparitions sans précédent que connait le Mexique depuis 2006. Daniel, le fils de Diana Iris García, a disparu en février 2007. Depuis, malgré les nombreuses démarches entreprises auprès des autorités locales, sa famille est sans nouvelles de lui. Les parents de FUUNDEC ont dénoncé à de nombreuses reprises la collusion des autorités avec le crime organisé, les mettant dans une situation de vulnérabilité et de haut risque, dans un pays où les défenseur.e.s des droits humains sont régulièrement menacé.e.s, attaqué.e.s ou assassiné.e.s.

Le Fuundec est accompagné par deux organisations de droits humains, Fray Juan de Larios et le centre Juan Gerardi que PBI Mexique accompagne depuis 2013.

Diana Iris Garcia sera en Europe fin janvier, invité par les Brigades Internationales de la Paix. Nous souhaitons profiter de sa présence en France du 24 au 27 janvier pour sensibiliser les autorités et l’opinion publique au fléau des disparitions forcées, aux risques que prennent ceux qui les dénoncent, et à l’impunité qui règne toujours au Mexique. Diana Iris Garcia rencontrera  la rédactrice Mexique du Ministère des Affaires étrangères, Emmanuel Decaux du Comité des disparitions forcées des Nations unies, Anne Souléliac, responsable droits humains du barreau de Paris et Dominique Attias, Vice-bâtonnière de l’ordre des avocats, Michel Forst, rapporteur spécial sur les défenseurs des droits de l’Homme, ainsi que nos partenaires associatifs et des journalistes de RFI et de France Culture.

--> Une conférence publique sur les  disparitions forcées sera organisée le lundi 25 janvier à 18h30 à la Fondation Jean Jaurès, en partenariat avec l’ACAT (Action des Chrétiens contre la Torture).

 

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Retour sur la tournée du défenseur mexicain Juan José Villagómez

01/12/2015

Coordinateur de la Casa del Migrante de Saltillo depuis six ans, Juan José Villagómez était en tournée en Europe avec PBI début octobre pour sensibiliser les autorités et l’opinion publique à la problématique des migrants au Mexique. La Casa del Migrante apporte une aide humanitaire aux migrants centraméricains, mais réalise également un travail d’accompagnement juridique et de dénonciation des violations des droits dont sont très souvent victimes les migrants. En raison des nombreuses menaces, attaques et intimidations reçues, les membres de l’auberge bénéficient de mesures de protection de la Cour interaméricaine des droits de l’Homme, et ils sont accompagnés par PBI Mexique depuis 2013.

Les migrants, victimes récurrentes de torture et de disparition forcée

Début octobre, le Haut-Commissaire des Nations unies aux droits de l’Homme, Zeid Ra'ad Al Hussein, manifestait sa grande préoccupation au sujet des nombreuses violations des droits au Mexique, notamment le drame des disparitions forcées, parlant d’un pays « ravagé par la forte insécurité, les disparitions, les meurtres, le harcèlement des défenseur.e.s des droits de l'Homme et des journalistes, la violence contre les femmes, et les terribles abus contre les migrants et les réfugiés transitant par le pays en route vers les Etats-Unis ».

Le scandale des 43 étudiants disparus d’Ayotzinapa en septembre 2014 a révélé au monde l’ampleur du fléau que représente la disparition forcée au Mexique. Selon les chiffres officiels vraisemblablement sous-évalués, on compte  22 000 victimes de disparition forcée. Les migrants sont particulièrement touchés car ils sont vulnérables : «Nous travaillons avec des personnes victimes de tortures durant leur voyage.  Le crime organisé prend en otage les migrants en échange de rançons que doivent payer leurs proches souvent aux Etats-Unis. Beaucoup sont torturés, puis tués ». Pour Juan José Villagómez, les investigations de l’Etat mexicain sont quasiment inexistantes. Il est incroyable selon lui qu’un pays comme le Mexique, qui dépense des milliards de dollars dans la guerre contre le narcotrafic, ne soit même pas en capacité de se doter d’un système de médecine légale décente et d’un système de banque de données génétiques pour répondre à la crise des disparitions.

La répression des migrants

Juan José observe depuis quelques années plusieurs changements significatifs dans le phénomène migratoire : tout d’abord, de plus en plus de Honduriens émigrent : ils constituent  90% des migrants accueillis par la Casa del Migrante de Saltillo. Il s’agit d’une migration assez nouvelle, liée à la décomposition du tissu social depuis l’ouragan Mitch et la corruption généralisée suite à l’afflux d’argent de l’aide humanitaire. Les Salvadoriens et Guatémaltèques, très nombreux à se rendre aux Etats-Unis ont construit un réseau d’entraide assez fort au Mexique, ce qui explique leur moindre présence  dans les refuges. Juan José observe également de plus en plus de familles, de personnes très jeunes ainsi que des femmes. Selon lui, les migrants ne sont plus seulement des migrants économiques mais également des réfugiés fuyant l’extrême violence des pays d’Amérique centrale, surtout le Honduras, pays le plus dangereux au monde.

Constatant le  nombre élevé de mineurs migrants aux Etats-Unis (près de 40 000), le président Obama  a rencontré ses homologues mexicain, Enrique Peña Nieto, et centraméricains afin de mettre en place le plan « frontière sud » qui consiste à militariser la frontière entre le Guatemala et le Mexique, afin de bloquer le passage des migrants.

La fermeture de la frontière entre le Mexique et les Etats-Unis et la construction du mur en 2006 a eu lieu alors que le président Felipe Calderon décidait d’entamer une guerre contre le narcotrafic, sous pression du gouvernement Bush. Ces deux politiques parallèles ont conduit au développement de réseaux de passeurs («  coyotes »), en lien direct avec la criminalité organisée et les polices locales corrompues. La traversée est devenue extrêmement dangereuse et coûteuse pour les migrants : un voyage du Honduras aux Etats-Unis coûte environ 8 000 $, une fortune pour la population centraméricaine ; elle crée un fort endettement des migrants qui a des répercussions sur l’économie des pays de l’isthme centraméricain.

Les réponses à apporter aux crises migratoires

Juan José Villagómez insiste sur l’effet contre-productif du mur, puisqu’il a rompu la circularité des migrations : auparavant, les Mexicains étaient des travailleurs saisonniers, qui rentraient chez eux une fois la saison terminée, alors qu’aujourd’hui, non seulement ils sont obligés de rester, mais ils font venir leur famille.

Selon lui, la solution n’est ni dans les murs, ni dans les déportations, que ce soit en Amérique latine ou en Europe, puisqu’on observe la détermination des migrants à franchir vaille que vaille tout obstacle érigé pour leur barrer la route : « migrer, c’est comme un jeu pile ou face. En toute connaissance des risques, on tente, soit ça passe, soit ça casse et on recommence ».

Ainsi, le programme d’éducation face aux dangers de la migration mis en place dans les pays centraméricains à la suite du plan « frontière sud » est inefficace, puisque les migrants ont déjà connaissance des dangers. En exemple, il cite ces femmes qui, avant de prendre la route, prennent des pilules contraceptives, car elles savent qu’elles ont de grands risques de se faire violer sur le chemin (comme on peut le voir dans le film Rêves d’Or que nous avons projeté à Montreuil à l’occasion de cette tournée).

Lors de sa tournée en Europe, Juan José Villagómez a évoqué avec les différents acteurs institutionnels et de la société civile la question de la crise migratoire en Europe : « les migrants avaient l’espoir que les grandes démocraties pouvaient être plus humaines dans la gestion de la crise migratoire, mais ils ont très vite déchanté. Aujourd’hui, les migrants attendent de voir ce que les Européens vont faire en tant que peuples et non les gouvernements ». A titre d’exemple, il cite la forte solidarité qui s’est mise en place au fil des années entre les migrants et la communauté de Saltillo, qui est mobilisée pour préparer  chaque repas dans le refuge.

 

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En octobre, PBI France accueillera le défenseur mexicain des droits des migrants Juan José Villagómez

05/10/2015

Juan José Villagómez est le coordinateur de la Casa del Migrante de Saltillo, un refuge qui vient en aide à des milliers de migrants chaque année. Depuis 2002, cette organisation  de l’Etat de Coahuila apporte une aide aux migrants transitant par le Mexique, leur fournissant un abri, de la nourriture, une aide médicale, psychologique et légale. La Casa de Saltillo mène également un travail de défense des droits des migrants, via la documentation des situations de séquestration, extorsion, tortures et agressions dont souffrent les migrants dans leur traversée du Mexique. Chaque année, des dizaines de milliers de migrants provenant d’Amérique centrale traversent le Mexique pour se rendre aux Etats-Unis et sont bien souvent victimes d’exactions.

Juan José Villagómez sera en France à l’occasion d’une tournée dans plusieurs pays européens (France, Irlande, Suisse, Allemagne, Belgique). Au moment où l’Europe se trouve confrontée à une crise migratoire sans précédent, PBI France souhaite profiter de la présence de Juan José Villagómez en France pour sensibiliser les autorités et l’opinion publique à la problématique des migrants au Mexique et aux risques que prennent ceux qui défendent leurs droits. Cet appui politique est indispensable pour que les membres de la Casa de Saltillo puissent mener à bien ce combat essentiel pour les droits des migrants. Juan José Villagómez rencontrera  les responsables  de la Mission du Mexique, d’Amérique centrale et des Caraïbes du Ministère du Ministère des Affaires étrangères, Emmanuel Decaux du Comité des disparitions forcées des Nations unies, des membres du Barreau de Paris Solidarité, des députés du groupe d’amitié France-Mexique ainsi que nos partenaires associatifs, et des journalistes de RFI et Le Monde.

-->  Une conférence publique sera organisée le lundi 12 octobre à 19h à la Fondation Jean Jaurès sur les  migrants au Mexique, victimes récurrentes de disparition forcée et de torture, en partenariat avec l'ACAT.

--> Une projection du film « Rêve d’or » de Diego Quemada-Diez, sera organisée le 27 octobre dans le cadre du festival latino-américain « La Calle », à la Parole Errante à Montreuil. La projection sera suivie d’un débat avec Juan José Villagómez et Braulio Moro, de France Amérique Latine. La participation est libre.

 

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Inquiétudes concernant les failles dans l'implantation des mécanismes de protection pour les DDH

04/09/2015

Les difficultés suivantes ont été constatées dans la mise en œuvre de ces mécanismes :

- Le manque de ressources de l’Unité pour les droits humains ne permet pas une gestion adaptée des demandes de protection ;

- Les mesures de protection sont mises en place très lentement, or, pendant ce temps, les défenseuses et défenseurs des droits humains (ci-après DDH) et les journalistes continuent à être soumis à des risques élevés ; 

- L'impunité généralisée dans le pays entretient d'ailleurs cette situation de risque ;

- Comme les critères d’admission pour la protection sont peu clairs, les cas acceptés sont gérés de manière partielle ou contradictoire. Par conséquent, les DDH et les journalistes encourent le risque d’être exclus de ces mesures de protection étatiques.

- Bien que l’Unité de prévention, suivi et analyse ait été dotée d’un directeur début 2015, elle n’est toujours pas opérationnelle. Ainsi, les mesures sont rarement mises en place parce qu’aucune analyse préalable n’est menée.

Recommandations au Gouvernement mexicain

Aux côtés d’autres organisations internationales de défense des droits humains, PBI observe avec une inquiétude grandissante l’absence d'une volonté politique pour aborder ces problèmes et émet les recommandations suivantes :

- Priorité doit être donnée au poste de directeur pour l’Unité pour les droits humains qui doit être confié à un-e spécialiste du domaine des droits humains. Par ailleurs, tous les autres postes de l’Unité doivent être fixes ; 

- L’Unité pour les droits humains doit fonctionner avec la plus grande transparence, notamment quant aux critères d’acceptation ou de refus des cas ;

- Amélioration de l’analyse de risques en partageant la méthodologie utilisée avec la société civile et les requérant.e.s et garanties quant à leur participation dans le processus d’analyse ;

- Il est important de répondre à temps aux demandes de protection et de les évaluer en fonction des risques pour pouvoir mettre en place des mesures pour les requêtes les plus urgentes ; 

En mars 2014, une déclaration conjointe soulignait déjà que l’Etat mexicain devait garantir l’intégrité physique et psychique de tous les DDH et les journalistes qui restent exposés à des risques élevés tant que les mécanismes de protection sont fragiles.

Plus d’informations : lire la déclaration conjointe en anglais /espagnol

 

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Manon Yard revient sur son année de volontariat avec PBI Mexique

11/06/2015

Le Nord du Mexique est connu pour être particulièrement violent, comment as-tu vécu cette insécurité ?

En fait je ne me suis jamais sentie réellement en danger. La première fois que je suis allée à Ciudad Juarez, j’étais bien sûr assez tendue car c’est une ville connue pour être l’une des plus dangereuses au monde. Mais finalement, même si la violence institutionnelle continue d’être monnaie courante, la violence généralisée a, elle, beaucoup baissée. Elle s'est déplacée dans d’autres zones qui sont disputées par les cartels, comme les régions de Tamaulipas ou de Jalisco.

Depuis qu’une équipe de PBI s’est installée au Nord, il n’y a eu aucun incident de sécurité important pour les volontaires sur place. La zone la plus dangereuse où l’on travaille est à mon sens la zone Carbonífera, dans l’Etat de Coahuila, une région très isolée et contrôlée par le crime organisé. Dans cette zone, PBI accompagne l’organisation Familia Pasta de Conchos, une ONG qui lutte pour récupérer les corps de 63 mineurs qui ont péri lors d'un effondrement de la mine Pasta de Conchos en 2006. La directrice de cette organisation, la défenseure Cristina Auerbach, est régulièrement victime d’agression, de menace et de diffamation.

Quelles étaient tes relations avec l’équipe de volontaires ?

Nous étions entre quatre et six volontaires durant l’année, et une équipe exclusivement féminine durant plusieurs mois. Il y avait une très bonne entente entre nous, ce qui est essentiel puisqu'on passe la majeure partie de notre temps ensemble, à la fois dans le travail et dans la vie quotidienne. Les volontaires étaient très motivés et les personnalités compatibles  et cela nous a beaucoup aidé à travailler efficacement en équipe et à  trouver des consensus. Je crois que le fait de vivre dans un contexte sécuritaire difficile et d’être beaucoup ensemble a créé une cohésion forte dans l'équipe, nous nous soutenions mutuellement. Il y a bien sûr aussi le revers de la médaille, le fait d'avoir peu de moments d'intimité, de solitude. Vivre et travailler ensemble de façon aussi intense, ce n’est pas toujours facile à gérer !

La coordination de PBI Mexique envoyait tous les deux-trois mois une psychologue, très familière du fonctionnement interne de PBI, afin de faire le point avec l’équipe sur notre moral, et pour nous aider à prendre du recul sur le travail, les situations de tension et les frustrations. Cela nous a beaucoup aidés.

Comment s’est organisé le travail au sein de l’équipe ?

Il y avait énormément de travail et la fatigue était parfois importante. Il fallait gérer à la fois le travail d'intendance de la maison (cuisine, ménage, standard téléphonique...), le travail interne de PBI (liens avec les différentes entités de PBI, finance, communication, analyse politique, stratégique...), le travail de relation publique (communication sur le travail des organisations accompagnées, planification de réunions avec les autorités et la société civile), et enfin le travail d'accompagnement des défenseur.e.s. Chaque volontaire est référent d’une organisation accompagnée ; moi j’étais en relation avec le Centre de Droits de l’Homme Paso del Norte, une organisation de Ciudad Juarez qui travaille principalement sur des cas de torture et de disparition.

L’équipe se rend à Ciudad Juarez en bus (environ 4h30 de trajet depuis Chihuahua), alors que tout déplacement à Coahuila nécessite de prendre l'avion. Paso del Norte était donc une organisation accompagnée relativement « proche » géographiquement ! Le fait que l’organisation nous montre beaucoup de reconnaissance m’a permis de rester motivée tout au long de l’année. Au Nord, la stratégie de PBI est principalement axée sur le travail de plaidoyer auprès des autorités et sur la visibilisation des défenseur.e.s accompagné.e.s, ce qui signifie pour l’équipe davantage de travail de bureau et assez peu d’accompagnement physique, en comparaison avec d’autres projets de PBI. C’est vraiment lors des tournées à Ciudad Juarez ou dans l’Etat de Coahuila, pour organiser des réunions avec les autorités et des membres de la société civile, que l’on pouvait se rendre compte de l’importance de notre travail.

Quel bilan fais-tu de cette année de volontariat au Mexique ?

Ce fut une année très positive dans l’ensemble. J’en ressors avec de fortes convictions, une confiance renforcée dans le mandat de PBI et une grande motivation. J’ai eu beaucoup de chance d’avoir de si bonnes relations avec l’équipe et les défenseur.e.s que nous avons accompagné.e.s. J’ai trouvé le travail d’analyse du contexte particulièrement passionnant et les discussions stratégiques très stimulantes ; je suis donc très contente de commencer en juin le poste de chargée de plaidoyer international pour PBI à Genève !

 

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Bilan du projet de PBI Mexique en 2014

01/06/2015

Lorsque l’on parle de la situation des droits humains au Mexique en 2014, la disparition des 43 étudiants d'Ayotzinapa vient tout de suite en tête, cas emblématique de la violence, de la corruption et de l’impunité endémique qui règne au Mexique.

Au-delà de l'élan de mobilisation et de solidarité qui est né dans le pays et dans le monde autour des 43 étudiants disparus, l’équipe de PBI a constaté sur place la fatigue et le stress des défenseur.e.s des droits humains générés par ce contexte constant de violence, de criminalisation et d’impunité. L’ONG Accudeh estime que le nombre d’agressions contre les défenseur.e.s a doublé au Mexique entre janvier 2011 et mai 2014, alors que plus de 95% des violations contre les personnes défenseures restent impunies dans le pays, selon le Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l'Homme.

L’évaluation externe dont PBI Mexique a fait l’objet en 2014 a conclu que « la grande diversité de ses activités a permis à PBI d’augmenter son impact et d’avoir une plus grande influence », confirmant ainsi l’efficacité de la stratégie d’expansion des activités de l’équipe mexicaine (plaidoyer, communication, formation, etc). Cette évaluation a également évoqué les futurs chantiers de PBI pour l’avenir, à savoir la nécessité d’augmenter sa capacité à répondre avec une plus grande souplesse aux besoins des défenseur.e.s et de renforcer ses équipes terrain.

Le rapport annuel 2014 revient en détail sur les activités du projet de PBI au Mexique : une centaine d’accompagnements, plus de 200 rencontres avec les autorités locales et nationales et 70 publications - dont une publication spéciale sur la stratégie de sécurité mexicaine et son impact sur les droits humains - ont été réalisés. Ce rapport permet de se rendre compte grâce aux témoignages des défenseur.e.s de l’impact concret de PBI dans leur quotidien. Ainsi, dans le Nord, tous les défenseur.e.s ont constaté une nette amélioration de leur sécurité depuis que l’accompagnement de PBI a débuté il y a un an. L’activité de plaidoyer et les tournées mondiales organisées par PBI ont donné une exposition et visibilité mondiale très précieuses localement aux organisations accompagnées. DCHR est ainsi désormais reconnue par le Comité de l’ONU sur les disparitions. Codigo-DH a pu rencontrer nombre d’acteurs clefs lors de sa tournée européenne en 2014 alors qu’elle venait de subir une intensification des agressions à son égard. On peut enfin noter qu’en 2014, le travail de formation de PBI sur la sécurité a bénéficié d’un vrai effet multiplicateur dans le Oaxaca notamment, puisque les défenseur.e.s ont ensuite relayé ces informations auprès de la société civile locale et de leurs bénéficiaires.

PBI reste très actif sur le front du plaidoyer international, à l'image du séminaire organisé en avril 2015 auquel PBI a participé, au côté de diverses organisations de la société civile mexicaine et européenne. Ce séminaire a permis d'aborder les problèmes d’impunité et de corruption au Mexique, les droits des migrants, la sécurité des défenseur.e.s des droits humains et la responsabilité sociale des entreprises dans le domaine des droits humains. Les conclusions de ce séminaire ont ensuite été présentées lors de la discussion bilatérale de haut niveau sur les droits humains entre l’Union européenne et le Mexique.

PBI a cosigné fin avril un communiqué alertant sur les dysfonctionnements très préoccupants du mécanisme de protection des défenseur.e.s des droits de l’Homme. En effet, son directeur a démissionné en février dernier et le processus de remplacement est particulièrement long. Les mêmes défaillances qu’il y a un an  sont soulignées par PBI: moyens insuffisants, rythme trop lent de mise en œuvre, impunité et manque de transparence. Alors que ce mécanisme de protection est laissé sans direction, les défenseur.e.s se trouvent toujours dans une situation de risque, rendant le travail d'accompagnement de PBI toujours aussi crucial dans le contexte particulièrement violent que connaît le Mexique aujourd'hui.

 

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Rapport annuel 2014 du projet de PBI au Mexique

01/04/2015

Retrouvez le rapport annuel de PBI Mexique pour l'année 2014, revenant sur son travail d'accompagnement auprès des défenseur.e.s des droits humains dans les Etats de Oaxaca, Chihuahua, Coahuila et Guerrero, ainsi que ses activités au niveau international.

Pour le lire, cliquez ici: rapport PBI Mexique 2014.

 

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Des nouvelles de Chihuahua

06/03/2015

Manon Yard, une volontaire française de PBI Mexique nous raconte ses 9 mois passés à Chihuahua, au Nord du Mexique.

Me revoici, à très exactement 9 mois de mon arrivée au Mexique, pour vous donner quelques nouvelles...

Après des mois et des mois de chaleur, de sueur, d'invasion de moustiques, cafards et autres petites bêtes sympathiques, l'hiver a fait son apparition fin octobre. Oh choc! Les températures sont descendues en flèche et j'ai sorti les pantalons et pulls qui dormaient au fond de ma valise depuis mon arrivée. L'hiver ici est un peu comme l'été: extrême. On a en général de belles journées ensoleillées mais dès que le soleil se couche (vers 17h en décembre) il peut faire TRÈS froid (chute d'une vingtaine de degrés en général)! Bref, c'est ça vivre dans un (quasi) désert.

Nous sommes à présent 6 dans l'équipe: une italienne, un chilien, une irlandaise, une hollandaise, une suisse / italienne et moi. La vie en groupe et le travail d'équipe continuent à bien se passer, entre déplacements sur le terrain, réunions avec les autorités, travail interne, mais également diners, films et sorties tous ensemble.

Justice pour les victimes de l'accident minier de Pasta de Conchos

Les derniers mois ont été assez intenses en déplacements pour moi (on se déplace en général en bus ou avion): plusieurs visites à Ciudad Juarez, à la frontière avec les États-Unis, ainsi que dans l’État voisin de Coahuila et à Mexico City. Je me suis notamment rendue pour la première fois en octobre dans la région carbonifère de l’État de Coahuila (région également semi-désertique où se trouvent beaucoup de mines de charbon), où nous accompagnons l'organisation familiale Pasta de Conchos: en 2006, un accident dans la mine de charbon Pasta de Conchos a "enterré vivants" 65 mineurs; 9 ans plus tard, la plupart des corps n'ont toujours pas été remontés à la surface et la lumière n'a pas été faite sur les causes et les responsables de l'accident. PBI accompagne donc l'organisation dans son exigence que se réalise le repêchage des corps afin que les familles puissent faire leur deuil. Cela peut paraitre une demande assez simple mais ici les demandes les plus simples se transforment facilement en combats de plusieurs années... C'est d'autant plus désolant que la région est l'une des plus pauvres, l'une des plus isolées et l'une des plus affectées par la violence du nord du Mexique.

Ayotzinapa, l'affaire de trop

La thématique des disparitions est devenue omniprésente dans tout le pays: le cas de l'enlèvement par les forces de police municipale de 43 étudiants dans l’État du Guerrero (sud ouest du pays) en septembre a été clairement la goutte d'eau qui a fait déborder le vase déjà bien plein des mexicains. Beaucoup de manifestations, dans l’État même du Guerrero, à Mexico City mais également dans le reste du pays - ce qui est beaucoup plus rare. La société civile continue à se mobiliser et à demander à ce que l'on retrouve les désormais 42 disparus (les restes d'un des étudiants ont été officiellement identifiés) et que justice soit faite, même si le gouvernement mexicain a décrété l'affaire close il y a de cela quelques semaines. Beaucoup de membres des familles des disparus et leurs défenseur.e.s (le Centre de droits de l'homme Tlachinollan, accompagné par PBI depuis plus de 10 ans) ont par ailleurs fait l'objet de harcèlement et de diffamation et continuent de réclamer sérieux et clarté dans les recherches menées, dans des conditions de sécurité très précaires. Le cas des 43 étudiants d'Ayotzinapa aura en tout cas permis de révéler à la communauté internationale, mais également à beaucoup de mexicains, le drame que vivent des milliers de familles de disparu.e.s (les chiffres officiels parlent de 23000 cas de disparitions recensés), les obstacles qu'elles ont à affronter au quotidien dans leur quête de la vérité, mais également l'implication (par action ou par omission) des forces étatiques dans bien des cas de disparition. De mon côté j'espère vraiment que ce cas médiatique et emblématique permettra de faire bouger un minimum les choses dans tout le pays... affaire à suivre.

Le travail au quotidien ici me fait peindre un portrait assez négatif du pays, mais le Mexique c'est aussi des gens incroyablement chaleureux et engagés, une cuisine extraordinaire aux milles saveurs, une diversité de cultures, des paysages à couper le souffle...

Au terme de ces 9 mois dans le nord du pays, je tire en tout cas un bilan très positif de mon expérience. Le rythme de travail reste très intense, l'environnement n'est pas des plus "safe", mais les thématiques sur lesquelles nous travaillons sont passionnantes et les défenseur.e.s de droits de l'Homme que nous accompagnons sont une grande source de satisfaction et de motivation. Bref, je suis très contente!

 

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Nouveau rapport de PBI Mexique sur les conséquences de la stratégie sécuritaire pour les défenseur.e.s des droits humains

27/02/2015

Il y a un mois, PBI Mexique a présenté son nouveau bulletin thématique intitulé "Paix au Mexique? Stratégie de sécuritaire et droits humains." À contre-courant du discours officiel, PBI explique que durant les deux premières années de fonction d'Enrique Peña Nieto,  il n’a pas été constaté de réelle amélioration de la situation au Mexique. On peut noter au contraire une augmentation des problèmes liés aux politiques sécuritaires et leurs effets néfastes sur les droits humains.

À l'occasion du lancement de cette publication, les organisations de la société civile mexicaine ont partagé  leurs préoccupations quant à la situation des droits humains au Mexique avec des représentants des ambassades d’Allemagne, des Pays-Bas, du Canada, de France, de Suisse, de Norvège mais également de l’Union européenne.

Critique des stratégies de sécurité nationale

Dans ce rapport, les défenseur.e.s des droits humains mettent en cause certains aspects de la stratégie sécuritaire actuelle tels que le rôle important joué par l’Armée dans la sécurité publique nationale sans date précise de fin de cette mission. L'exécution de 22 personnes par des membres de l'armée à Tlatlaya dans l'État de Mexico ainsi que le cas des 43 étudiants disparus à Iguala dans l’État du Guerrero, illustrent ce problème.

Selon Sara Méndez, responsable du Comité de défense des droits humains à Oaxaca (Código-DH), le renforcement de la stratégie de combat du crime organisé a généré un mépris récurrent pour les garanties individuelles et le respect des droits humains. Ceux qui souhaitent utiliser leur droit à la consultation sont ainsi par exemple directement menacés, comme ceux qui élèvent leur voix contre les projets d’investissement dans l’État de Oaxaca.

De son côté, Alberto Xicotencatl, directeur du Centre d'accueil pour migrants de Saltillo, explique qu'en raison de la fermeture de la frontière Sud du pays, les migrants empruntent de nouveaux itinéraires plus dangereux où ils sont bien plus exposés et vulnérables face au crime organisé. Les centres d’accueil pour migrants ont vu leur niveau de risque s’accroître en conséquence.

Recommandations de PBI

Dans la conclusion de son rapport, PBI recommande aux gouvernements étrangers et à leurs représentations diplomatiques au Mexique de consulter les défenseur.e.s des droits humains et de prendre en considération leurs contributions dans le cadre de leurs programmes de coopération avec l’État du Mexique, tout particulièrement pour les programmes focalisés sur la sécurité et la justice comme l’initiative Mérida. De plus, PBI demande au gouvernement mexicain de reconnaître l’importance et la légitimité du travail des défenseur.e.s des droits humains, d’assurer leur protection physique et psychologique et, enfin, d’appliquer rapidement et efficacement le mécanisme de protection nationale pour les défenseur.e.s des droits humains mais également les autres mécanismes de protection nationaux et internationaux.

Lisez le communiqué de presse complet de PBI Mexique en espagnol/anglais

Téléchargez le rapport "Paix au Mexique? Les stratégies de sécurité et les droits de l'homme" en espagnol/anglais

   

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Présence Internationale n°96: spécial Nord du Mexique

20/11/2014

Retrouvez le dernier numéro de Présence Internationale, notre revue trimestrielle. Cette édition est entièrement dédiée au travail de PBI dans le Nord du Mexique. 

Au sommaire

- Edito, par Anne Souléliac, Avocat à la Cour, Barreau de Paris

- Le Projet PBI-Mexique en chiffres

- Une nouvelle équipe de PBI au Nord du Mexique

- Entretien avec Marianne Bertrand, représentante européenne de PBI Mexique

- Visite en France de la défenseure des droits humains Silvia Mendez

- Ayotzinapa: 6 morts, 20 blessés, 45 étudiants disparus

- A l'écoute des défenseur.e.s des droits humains: entretien avec Michel Forst, Rapporteur spécial des Nations unies sur la situation des défenseurs des droits de l'Homme

- Disparitions forcées: un fléau majeur au Mexique

- Vers une normalisation des violences contre les femmes au Mexique? 

- Elsa Pierre, responsable de la sécurité et de la protection de PBI Mexique

- Entretien avec Manon Yard, volontaire française à Chihuahua

- Nouvelles de PBI France

Exemplaire à télécharger ici

Bonne lecture! 

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Torture et disparitions forcées au nord Mexique. Rencontre avec Silvia Mendez le 25/11 à 19h30

20/11/2014

 

PBI France vous invite à la conférence "Torture et disparitions forcées dans le Nord du Mexique. Rencontre avec Silvia Mendez"

Mardi 25 novembre 2014 à 19h30
Amnesty International France
72-76, boulevard de la Villette, 75019 Paris
Métro Belleville ou Colonel Fabien 

Co-organisateurs: ACAT France, Amnesty International France, Barreau de Paris, PBI France

Silvia Mendez Hernandez travaille depuis plus de 10 ans à la défense des victimes de torture et des familles de disparus dans l’Etat de Chihuahua, au nord du Mexique. Elle est l’administratrice du Centre des droits de l’Homme Paso del Norte à Ciudad Juarez, qui offre appui et conseils aux communautés concernant leurs droits civils et politiques.

Interviendront également :

Geneviève Garrigos, Présidente, Amnesty International France
Jacques Bouyssou, membre du Conseil de l’Ordre des avocats de Paris
Anne Boucher, responsable des programmes Amériques, ACAT France
Fabienne Malamout, coordination Mexique, Amnesty International France
Manon Cabaup, coordinatrice, Peace Brigades International France

La Commission nationale des droits de l’Homme (CNDH) mexicaine a enregistré 1505 plaintes pour torture et mauvais traitements en 2013, contre 219 en 2003, soit une augmentation de 600% en 10 ans. Or, les plaintes ne représentent qu’une infime partie des cas de torture, tant les victimes craignent les représailles. En avril 2014, le Rapporteur spécial de l’ONU sur la torture, Juan E. Mendez, en visite au Mexique, a dénoncé une « épidémie inquiétante » au sein de « tous les corps de sécurité publique, policiers ou militaires ». L’impunité est quasi systématique.

Selon les chiffres officiels, il y aurait eu un minimum de 26 000 personnes portées disparues sous la présidence de Felipe Calderón, entre 2006 et 2012. Depuis 2013 et l’arrivée au pouvoir d’Enrique Peña Nieto, au moins 9790 cas de disparition ont été répertoriés. Malgré l’engagement du nouveau président à lutter contre ce phénomène, les avancées sont quasi nulles. L’exemple des étudiants disparus à Iguala en est la triste illustration.

Les défenseur.e.s des droits humains comme Silvia Mendez qui dénoncent ces crimes sont constamment menacés. Cette conférence sera l’occasion de lui donner la parole pour écouter le témoignage d’une actrice de terrain directement impliquée auprès des victimes et des familles. 

 

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PBI exprime sa préoccupation face aux risques accrus pour les défenseur.e.s des DH à Guerrero et Oaxaca

10/11/2014

Situation à Guerrero

PBI exprime sa profonde préoccupation pour la sécurité du Centre des droits de l’Homme de la Montagne Tlachinollan, accompagné depuis 2003, et des autres organisations et personnes défenseures des droits de l’Homme, en particulier la Red Guerrerense de Organizaciones Civiles de Derechos Humanos et le Centre régional des droits de l’Homme José Maria Morelos y Pavon, qui accompagnent les étudiants de l’Ecole normale rurale « Raul Isidros Burgos » d’Ayotzinapa et les familles des 43 étudiants disparus la nuit du 26 au 27 septembre 2014.

Les accompagnés de PBI nous ont alerté autour de deux évènements diffamatoires pour le travail de ces collectifs à Guerrero. D’une part, le gouverneur du Guerrero a fait des déclarations qui discréditent le travail de CDHM Tlachinollan. D’autre part, un supposé rapport d’intelligence du gouvernement mexicain aurait filtré dans certains médias de communication, accusant le Secrétaire technique de la Red Guerrerense d’avoir des liens avec un groupe guérillero. Comme indiqué par la Commission interaméricaine des droits de l’Homme, « les fonctionnaires publics doivent s’abstenir de faire des déclarations stigmatisant les défenseures et défenseurs des droits de l’Homme ou qui suggèrent que ces organisations agissent de manière irrégulière ou illégale, en raison de leur travail de promotion et défense des droits de l’Homme »1.

Il faut souligner que ces trois organisations ont déjà été, par le passé, la cible de menaces et harcèlement, au sujet desquels PBI a déjà alerté la communauté internationale. La situation de Vidulfo Rosales est tout particulièrement préoccupante. Avocat et coordinateur du département légal de Tlachinollan, qui accompagne actuellement les familles des étudiants disparus, Vidulfo Rosales a dû quitter le pays temporairement en 2012 suite à des menaces liées à son travail avec l’Ecole normale rurale d’Ayotzinapa concernant des violations des droits de l’Homme commises contre les étudiants en 2011.

En parallèle, PBI observe avec préoccupation les présumées nouvelles détentions arbitraires effectuées dans le cadre des manifestations autour de l’affaire Ayotzinapa dans le District Fédéral et documentées par le Comité Cerezo, une organisation accompagnée par PBI depuis 2001. En mai, PBI avait observé une tendance croissante à la restriction du droit de manifester et de la liberté d’expression au Mexique. PBI exhorte le gouvernement mexicain à garantir et protéger les droits de manifestation, de réunion et la liberté d’expression reconnus au niveau international et national. De même, PBI appelle le gouvernement mexicain à reconnaître, protéger et promouvoir le travail des personnes défenseures des droits de l’Homme qui accompagnement direct ou indirectement les évènements survenus à Iguala fin septembre, ainsi que l’exigence de justice des familles de victimes et de la société mexicaine en général. PBI rappelle également l’obligation internationale qui pèse sur l’Etat mexicain afin qu’il mène à bien une enquête impartiale en accord avec les standards internationaux pour retrouver les 43 étudiants disparus et assurer que les responsables des faits soient traduits en justice devant le système judiciaire mexicain.

Pour plus d’information sur les diffamations contre CDHM Tlachinollan, la Red Guerrerense et CDH Morelos y Pavón: bit.ly/1zH7Dic

 Situation à Oaxaca

Entre le 2 et le 5 novembre, PBI Mexique a accompagné le Comité de défense intégrale des droits de l’Homme Gobixha (Código-DH) dans l’Isthme de Tehuantepec et a observé une des phases de consultation pour le développement du projet éolien de Eolicos del Sur (ex Mareña Renovables) dans la communauté zapotèque de Juchitán, Oaxaca. Dès que PBI a quitté la zone, plusieurs membres de l’Assemblée populaire du peuple Juchiteco (APPJ) ont rapporté avoir été l’objet de harcèlement et de menaces de mort. PBI exprime sa préoccupation face à ces incidents de sécurité qui font obstacle à la consultation et appelle les autorités mexicaines à assurer l’intégrité physique et psychologique des personnes défenseures des droits de l’Homme qui accompagnent ce processus.

Il faut souligner que selon Código-DH, le projet Marena Renovables devait auparavant être déployé dans la communauté Ikjoot de San Dionisio del Mar. Après que la communauté a obtenu un amparo agraire, la projet a dû être déplacé et prétend aujourd’hui s’implanter à Juchitan, une communauté où un conflit communautaire existe déjà autour de la construction d’un projet éolien développé par l’entreprise Gas Natural Fenosa. A Juchitan, des personnes ayant mis en doute le projet ou s’étant exprimées à son encontre, ainsi que des personnes ayant défendu les droits individuels et communautaires contre l’entrée du mégaprojet, en particulier les membres de l’APPJ, de la Radio communautaire Totopo et de Codigo-DH ont rapporté en diverses occasions avoir été la cible de harcèlement, menaces et agressions. En juillet 2014, PNI a alerté la communauté internationale sur les risques encourus par les défenseur.e.s des droits de l’Homme qui accompagnent ce processus et tout spécialement sur les menaces téléphoniques reçues par Codigo-DH, organisation accompagnée par PBI depuis 2009. Amnesty International a également publié des actions urgentes à diverses reprises sur cette situation. Le processus de consultation actuel est l’un des premiers à intervenir dans l’Isthme de Tehuantepec autour de la construction d’un parc éolien. Afin qu’il soit légitime et en accord avec les standards internationaux, il est fondamental que l’intégrité physique et psychologique des défenseur.e.s des droits de l’Homme qui y participent soit assurée.

Pour plus d’information, voir le communiqué conjoint Pro-DESC AC, Código-DH et PODER: bit.ly/13NgmCd, l’action urgente de Código-DH: bit.ly/1yrbUSM et le rapport de Código-DH, ProDesc et PODER sur la mission d’observation de la première semaine de consultation à Juchitan : http://bit.ly/1wqSRptbit.ly/1wqSRpt

 

1 CIDH, Second rapport sur la situation des défenseures et défenseurs des droits de l’Homme dans les Amériques, 2011, OEA/Ser.L/V/II. Doc.66, par.124

 

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Mexique : Une lettre ouverte collective appelle l’Union européenne à agir rapidement suite aux événements violents qui se sont déroulés à Iguala, où 6 personnes sont mortes, 20 blessées et 43 portées disparues.

13/10/2014

A l'attention de

Madame la Baronne Catherine Ashton,
Haute-représentante de l’Union européenne pour les Affaires étrangères et la politique de sécurité


Madame Federica Mogherini,
Désignée comme Haute-représentante de l’Union européenne pour les Affaires étrangères et la politique de sécurité

 

Madame la Baronne Ashton, Madame Mogherini,

Les organisations signataires de cette lettre vous écrivent pour vous exprimer leur profonde inquiétude au regard des récents événements violents qui se sont déroulés dans l’Etat de Guerrero au Mexique.

Dans la nuit du 26 septembre, 80 étudiants de l’école Normale rurale Raul Isidro Burgos d’Ayotzinapa ont quitté la ville d’Iguala, où ils avaient effectué des actions de collecte de fonds durant l’après-midi. Ils se dirigeaient à bord de plusieurs bus vers Chilpancingo, la capitale de l’Etat de Guerrero. Leurs bus ont été interceptés par des patrouilles d’officiers de la police municipale mexicaine ; ces derniers ont ouvert le feu sur les bus sans discernement ni avertissement, blessant gravement un des étudiants. Suite à la fusillade, plus de 20 étudiants ont été arrêtés et incarcérés par la police. Ils demeurent introuvables aujourd’hui (1). En plus de cette vingtaine d'étudiants, au moins 20 autres ont disparus durant les événements violents de cette même nuit, et pour le moment 43 étudiants sont portés disparus.

Quelques heures après, certains étudiants s’étaient réunis sur le lieu de la première attaque pour faire état de l’incident à des journalistes, quand un groupe d’hommes armés en civil a ouvert le feu sur la foule. La fusillade aurait duré plusieurs minutes et tué deux étudiants. La foule s’est rapidement dispersée dans la confusion et le chaos provoqués par cette fusillade, et il est difficile de dire comment les étudiants ont pu fuir la scène.

Deux autres événements violents dirigés contre un autre groupe d’étudiants, probablement confondus avec des étudiants d’Ayotzinapa, ont été perpétrés cette nuit-là par des policiers municipaux et des personnes armées non identifiées. Le jour suivant, le 27 septembre, le corps d’un autre étudiant, révélant des signes de torture a été retrouvé dans la rue. Ses yeux et sa peau avaient été arrachés.

En conséquence de ces quatre événements violents ayant eu lieu séparément mais néanmoins liés, six personnes ont été tuées, 20 autres blessées et 43 étudiants d’Ayotzinapa sont portés disparus.

En réponse à ces violences, 22 policiers municipaux ont été arrêtés et des opérations de fouille ont été lancées pour essayer de retrouver les disparus. A ce jour, les enquêtes menées par le Procureur général de l’Etat de Guerrero et le Procureur général fédéral ont clairement démontré les collusions entre la police municipale et le crime organisé. Le Procureur général de l’Etat de Guerrero a reconnu publiquement cette collusion. Dans le cadre de ces enquêtes, au moins neuf fosses communes ont été découvertes près d’Iguala.

Au moins 28 corps ont été retrouvés. Cependant, dans la mesure où ils ont été calcinés, des analyses médico-légales doivent être menées afin d'identifier les corps. Il n'est pas encore possible de dire si ces corps sont ceux des étudiants enlevés. A la demande des représentants des proches des victimes, des experts judiciaires internationaux indépendants assistent le processus d'identification et le bureau fédéral du Procureur général a pris en charge l'enquête.

Cependant, d'après les organisations, le travail des experts judiciaires, demandé par les familles des victimes, a été entravé par les pouvoirs publics, notamment en ce qui concerne l'accès aux lieux où se trouvent les fosses communes. Les organisations et les défenseurs des droits humains ont dénoncé l’inefficacité des enquêtes menées jusqu'alors, causée par deux principaux facteurs. Le travail des services de renseignements, essentiel au déroulement de l'enquête qui aurait dû précéder le rassemblement des preuves sur le lieu du crime, n'a pas été mené à bien. Par ailleurs, ni les informations fournies par les membres de la police incarcérés, ni le fonctionnement des organisations criminelles de la région n'ont été analysés de manière approfondie. Afin d'éviter d'éventuels actes de représailles contre des étudiants de l'Etat de Guerrero, contre les familles des victimes qui demandent justice ou contre des défenseur.e.s des droits humains impliqués dans l'affaire, la Commission interaméricaine des droits de l'Homme a émis des mesures conservatoires exhortant l’État mexicain à protéger ces personnes et à retrouver les 43 disparus (2).

Ces meurtres et disparitions se produisent dans un contexte d'impunité généralisée. En décembre 2011, des membres de la police fédérale et nationale ont échappé à toute poursuite pour les meurtres de deux étudiants d'Ayotzinapa ainsi que la torture et les mauvais traitements infligés à 20 autres étudiants. En mai 2013, sept leaders sociaux ont été enlevés et trois d'entre eux assassinés à Iguala. Malgré l'existence de preuves qui soulignaient l'implication du Maire d'Iguala dans les assassinats, l'enquête aurait été clôturée en mai 2014. Les autorités mexicaines n'ont pas permis à la justice de faire son travail dans ces deux cas. Il est donc essentiel que ces récents évènements donnent lieu à des poursuites judiciaires, conformément au droit international en vigueur, afin de garantir que des faits similaires ne se reproduisent plus.

Depuis 2000, les relations bilatérales entre l'Union européenne et le Mexique sont régies par un accord global basé sur les principes démocratiques et le respect des droits de l'Homme. L'accord inclut en effet une clause démocratique, la première du genre pour un traité concernant l'Union européenne et l'Amérique latine (3). Avec l'adoption du Cadre stratégique de l'Union européenne en matière de droits de l'Homme et de démocratie en juin 2012, l'UE s'est engagée à « placer les droits humains au centre de ses relations avec tout Etat tiers, incluant ses partenaires stratégiques » et à « peser de tout son poids pour plaider en faveur de la liberté, la démocratie et les droits humains à travers le monde ». Les évènements récents à Guerrero sont des violations extrêmement graves des droits de l'Homme et posent de très sérieux problèmes en matière d'impunité, de collusion entre policiers et bandes de criminels organisés, et d'usage excessif de la force. Ils doivent absolument être traités dans le cadre des relations stratégiques entre l'Union européenne et le Mexique, à travers les instruments qui existent à cet effet.

Les organisations signataires se félicitent de la déclaration récente de la représentation de l'Union européenne au Mexique. Au vu de la gravité de la situation, nous appelons cependant la Haute Représentante à prendre publiquement position, et à fermement condamner les incidents précédemment évoqués, ainsi qu'à porter immédiatement à l'attention des autorités mexicaines les demandes suivantes :

-        Prendre immédiatement toutes les mesures nécessaires pour localiser les personnes disparues de force depuis que les incidents précités se sont produits.

-        Garantir l'intégrité physique et psychologique des étudiants, de leurs familles et des défenseurs de droits de l'Homme et organisations impliqués dans ces cas, qui sont particulièrement menacés du fait de leur combat pour la justice.

-         Assurer qu'une enquête rapide, impartiale et complète soit menée, conformément aux standards du droit international, permettant de traduire en justice les responsables.

De plus, nous exhortons la représentation de l'Union européenne au Mexique ainsi que toutes les ambassades des Etats membres présents au Mexique à :

-        Supporter publiquement et reconnaître l'importance des défenseur.e.s des droits de l'Homme et leurs familles dans leur combat pour la justice à travers un usage en ce sens des médias, visites ou rencontres. Rendre compte de ces actions à l'Union européenne en exprimant des recommandations concernant le suivi qui doit en être fait.

-        Surveiller de près la suite des évènements à travers le Dialogue de Haut-niveau pour les droits de l'Homme et autres formes de correspondance avec le ministère des Affaires étrangères mexicain, afin de s'assurer que ces incidents ne restent pas impunis. Établir des indicateurs concrets et des mécanismes effectifs de suivi des accords passés, permettant à la société civile d'y prendre part. Les résultats devront être exposés lors du prochain Dialogue de Haut-niveau.

Sincères salutations,

 

CIFCA – Initiative de Copenhague pour l’Amérique centrale et le Mexique

Réseau allemand pour les droits de l’Homme au Mexique

Jass – Just Associates

Mexiko Forum Schweiz

OMCT – Organisation mondiale contre la torture

Brigades de Paix Internationales – Mexique

 

(1) Voir l'action urgente publiée par le Centre Tlachinollan de défense des droits humains : bit.ly/1qoxHoE

(2) bit.ly/1qozIRQ 

(3) La Clause démocratique est une disposition incluse dans un accord économique ou de coopération, qui vise à garantir un cadre de protection des droits de l’Homme, de la démocratie et de l’Etat de droit entre les différentes parties. En cas de non-respect des principes essentiels de l’accord (c’est-à-dire l’Etat de droit et les droits de l’Homme), la clause démocratique permet de suspendre (totalement ou partiellement) l’accord, voir d’y mettre fin. 

 

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Guerrero: la police tire sur des étudiants et tue 6 personne. 43 étudiants portés disparus.

29/09/2014

Tuerie

Le 26 septembre dernier, plusieurs fusillades de la police contre des étudiants a provoqué la mort de six personnes et blessé une trentaine. A ce jour, 43 autres étudiants sont toujours portés disparus.

Un flou demeure encore sur les causes de cette tuerie, les circonstances exactes du drame et le sort des disparus. La police et des bandes criminelles seraient responsables.

A noter que cet événement n’est pas le premier du genre dans la région. En 2011, l'intervention musclée de la police pour repousser des étudiants protestataires avait coûté la vie à trois d’entre eux.

Action urgente

Ces événements : assassinats extrajudiciaires, enlèvements, usage excessif de la force et manquements à la protection des populations civiles ne doivent en aucun cas demeurer dans l’impunité.

Plusieurs organisations locales de défense des droits de l’homme appellent la Communauté internationale à faire pression sur les autorités mexicaines pour que:

  • Les personnes disparues soient retrouvées au plus vite
  • Une enquête indépendante et précise soit menée pour que la vérité soit révélée
  • Que les responsables soient trouvés et sanctionnés adéquatement
  • Que la vérité sur les événements soit révélée et que les familles des victimes puissent bénéficier de mesures réparatrices
  • Qu’un suivi médico-psychologique adéquat soit offert aux survivant.e.s
  • Que des mesures de protection efficaces soient assurées pour les témoins et leurs proches

Informations détaillées

En anglais et/ou en espagnol - et adresses postales où doivent être envoyées les demandes de la Communauté internationale

Pétition en ligne (espagnol)

Source:

Centre des droits humains de la montagne - Tlachinollan

PBI a été présente dans le Guerrero de 2001 à 2012 mais continue aujourd'hui de suivre la situation des droits humains dans la région à partir de son bureau dans la capitale du pays. L'organisation internationale est très préoccupée par les récentes violences extrêmes contre des étudiants de la région de Iguala - Guerrero.

 

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PBI Mexique recrute des volontaires!

05/09/2014

¡Involúcrate! from PBI México on Vimeo. 

Le programme Mexique de PBI recherche des nouveaux volontaires pour son processus de sélection 2015
L'appel à candidatures est ouvert jusqu'au 15 novembre 2014. Une semaine de formation aura lieu du 21 au 29 mars 2015 pour les candidats pré-sélectionnés, pour un départ sur le terrain en fin d'année 2015. 

Pour toute question, prenez contact avec le Comité de formation: formacion@pbi-mexico.org 

Pour présenter votre candidature, consultez les documents ci-dessous: 

Pré-requis 
Formulaire de candidature
Références 

 

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Les disparitions forcées au Mexique

28/08/2014

  

Mexico D.F., 28 août 2014 – Dans un rapport dédié aux disparitions au Mexique, Human Rights Watch (HRW) a documenté 249 cas de disparitions, concluant que 149 d’entre eux constituaient des « disparitions forcées dans lesquelles des membres des forces de sécurité publique ont participé ». Le rapport soulève divers cas de disparition, parmi lesquels le cas de Daniel Cantu Iris, un jeune homme de 23 ans, disparu le 21 février 2007 à Coahuila, un cas documenté par le Centre diocésain des droits de l’Homme Fray Juan de Larios, une organisation accompagnée par PBI. Cantu travaillait en tant qu’ingénieur industriel sur un projet minier dans le village de Paredon, municipalité de Ramos Arizpe. Selon le récit que sa mère a fait à CNN Mexico, la nuit précédant sa disparition, « il est sorti de sa maison de Saltillo pour se rendre dans un hôtel du centre-ville afin de discuter avec son chef, Francisco León Garcia ». Daniel a dit qu’il partirait pour Paredon avec son chef et leur chauffeur, José Angel Esparza Léon. « En temps normal, il m’appelait quotidiennement, toujours. Et d’autant plus lorsqu’il se trouvait en déplacement », rappelle sa mère, à qui les travailleurs de la mine ont appris, trois jours après sa disparition, que Daniel n’était jamais arrivé à destination. « Ses affaires personnelles et son véhicule étaient toujours à l’hôtel ». Daniel Cantu, son chef et leur chauffeur sont toujours portés disparus.

Dans l’Etat frontalier de Chihuahua, le Centre des droits de l’Homme Paso del Norte, une organisation spécialisée sur les cas de torture et disparition forcée, également accompagnée par PBI, est en charge du cas d’Adrian Favela, un jeune mexicain, résidant à El Paso, au Texas, et qui a disparu depuis le 2 octobre 2012 avec son ami Adriel Avila Barrios à Ciudad Juarez, enlevés par un commando armé identifié comme des agents de la Police ministérielle.

Les individus ont pénétré par la force dans la maison de sa famille à Ciudad Juarez, arguant “qu’ils l’emmenaient dans le cadre de recherches sur un supposé enlèvement et délit de traite d’êtres humains ». Depuis lors, les deux familles cherchent leurs enfants. Manuel Favela, le père d’Adrian, a dit que depuis ce jour-là, il vit un martyre qu’il ne souhaiterait même pas à son pire ennemi.

Les cas de Daniel Cantu et d’Adrian Favela ne sont que deux exemples d’une problématique beaucoup plus large, et aux motifs non encore élucidés.  

Chiffres actuels

Il y a seulement quelques jours, le 21 août 2014, la Procureure adjointe an matière juridique et d’affaires internationales du Procureur Général de la République (PGR), Mariana Benitez Tiburcio, a annoncé qu’au Mexique 22 322 personnes sont « non localisées ». Selon Benitez Tiburcio, 12 532 personnes de cette liste proviennent de plaintes réalisées pendant le gouvernement de Calderon, et 9 790 de plaintes effectuées sous l’administration d’Enrique Pena Nieto. Ces déclarations viennent modifier le dernier chiffre officiel de 26 121 personnes disparues, publié par l’administration de Pena Nieto concernant le sexennat de Felipe Calderon Hinojosa, une annonce qui avait alors généré de fortes critiques. Amnesty International (AI) avait reconnu que « le recueil d’informations dans tout le pays était un premier pas important », mais avait également souligné que « la liste démontrait […] l’échec des autorités dans l’application d’une méthodologie et de processus clairs pour collecter une information fiable au niveau national sur les supposées disparitions ».

De fait, à diverses reprises différentes institutions ont rapporté des chiffres différents. En mai 2014, le Ministre de l’Intérieur Miguel Osorio Chang, lors de son passage devant les Commissions Unies de l’Intérieur et de la Sécurité Publique du Sénat de la République, déclarait que le nombre de personnes disparues était d’approximativement 8 000. Ce chiffre différait des 24 800 personnes non localisées que le Président de la CNDH, Raul Plascencia, avait annoncé au Sénat. Un mois après, ce serait à nouveau Osorio Chang, qui lors d’une conférence de presse informerait que le nombre officiel de disparus était de 16 000 personnes et non de 8 000 comme il avait informé auparavant. De leur côté, des organisations de la société civile comme le Comité Cerezo estiment qu’au Mexique existent au moins 30 000 personnes disparues.  

D’un autre côté, la différence de chiffres s’étend également aux différents Etats du Mexique. La CNDH, par exemple, a rapporté que « les trois Etats avec le plus de cas sont ceux de Guanajuato (9 146), Mexico (2 915) et Michoacan (2 703 cas) », alors que pour le Système National de Sécurité Publique (SNSP) « il s’agit du District Fédéral (6 481), de l’Etat de Mexico (2 982) et de Tamaulipas (2 702 cas) ».

Selon The Economist, “nous savons peu de choses sur qui les chiffres du gouvernement incluent, d’où viennent-ils, quelle méthode a été utilisée ou si les disparus sur la liste ont été séquestrés par le crime organisé, la police, ou une combinaison des deux ». D’un autre côté, le nouveau chiffre officiel représente des personnes pour lesquelles une plainte formelle a été faite devant un ministère public. Cependant, il est important de souligner que beaucoup de familles de personnes disparues au Mexique n’ont pas déposé plainte en raison d’un manque de confiance dans le système pénal ou dans les autorités chargées d’enquêter. Ainsi, de nombreuses familles de disparus ont été menacées ou agressées afin qu’elles ne portent pas plainte pour la disparition de leur proche.

Les groupes les plus vulnérables

Le phénomène n’est pas facile à comprendre avec clarté au Mexique non plus. Lors du Forum International des Disparitions Forcées et Involontaires au Mexique, organisé à Coahuila en juin 2013, Roberto Garreton, expert en disparitions et avocat de droits de l’Homme chilien, a déclaré que « ce qui se passe au Mexique est différent de ce que nous avons connu en Amérique latine, où dans des pays comme le Chili il est plus facile d’identifier les victimes et les bourreaux puisqu’il s’est agi d’une répression de l’Etat contre des opposants politiques et que les motifs étaient très clairs. Ici, nous ne savons pas qui sont les bourreaux et la participation des fonctionnaires publics n’est pas organique ».

De son côté, dans son rapport annuel 2014, la Campagne Nationale contre la Disparition Forcée annonçait 30 cas de présumée disparition forcée pour motifs politiques, survenus durant les 17 premiers mois de l’administration du président Enrique Pena Nieto.

De même, certaines organisations mexicaines avancent que le phénomène, systématique, est une forme de contrôle sur l’activisme politique. D’autres considèrent que le contexte déclenché par le début de la « guerre contre le narcotrafic » est un des facteurs aggravants principaux pour les disparitions. Dans un rapport de 2013, la Campagne Nationale contre la Disparition Forcée annonçait que : « contrairement à ce que nous avons vécu dans le pays dans les années de ladite Guerre Sale où les disparitions étaient commises sur des motifs politiques, de nos jours elles ne sont pas uniquement contre des leaders sociaux et des activistes politiques ou des groupes rebelles, mais s’étendent également à d’amples secteurs de la population civile ».

Nous observons également comment certains groupes de personnes sont majoritairement exposés à la disparition, comme le sont les femmes victimes de traite d’êtres humains et les migrants qui traversent le territoire mexicain en transit vers les Etats-Unis.

Dans ce sens, en décembre 2013, “l’Institut National de la Migration (INM) a reconnu avoir reçu des rapports sur la disparition de 1 681 migrants disparus sur le territoire mexicain”, alors que des organisations de mères de migrants centraméricains ont estimé le nombre de migrants étrangers disparus à approximativement 70 000.

Bien qu’il n’existe pas de données officielles fiables sur le nombre de migrants centraméricains disparus au Mexique, il existe des registres des incidents d’enlèvements de migrants par le crime organisé, à l’image du cas documenté par laMaison du Migrant de Saltillo – accompagnée par PBI depuis 2014- où 23 migrants centraméricains sans papiers ont été séquestrés alors qu’ils voyageaient dans un train dans l’Etat de Coahuila. Selon HRW, des hommes armés ont supposément ordonné l’arrêt du train et ont forcé les migrants à monter dans des camionnettes stationnées à côté du train. Les survivants de l’incident ont présenté des plaintes judiciaires, engageant des processus qui ont présenté de sérieuses irrégularités.  

 

La plaie ouverte de la guerre sale

La disparition au Mexique, et particulièrement la disparition forcée (par des agents étatiques), est un phénomène présent dans l’Histoire récente. A l’époque de la Guerre Sale, a agi de façon violente et décisive contre des activistes, leaders communautaires et présumés membres de groupes rebelles dans divers Etats du Mexique. Aujourd’hui, plus de 700 cas de cette période reste non résolus.  

Un des cas les plus paradigmatiques est celui de Rosendo Radilla Pacheco, disparu à un barrage militaire le 25 août 1974 dans l’Etat de Guerrero ; fait pour lequel l’Etat mexicain a été déclaré responsable par la Cour Interaméricaine des Droits de l’Homme. Malgré cette sentence internationale, près de quarante après sa disparition, sa localisation reste inconnue. PBI accompagne Tita Radilla, sa fille, et les membres de l’Association des Familles de Prisonniers Disparus et Victimes de Violations des Droits de l’Homme au Mexique (AFADEM) depuis 2003 dans leur processus de recherche de la vérité, justice et réparation.

De nombreux défis perdurent depuis l’époque de la Guerre Sale. 

Impunité et manque d’accès à la justice

En mai 2013, Ricardo Garcia Cervantes, ex Procureur adjoint pour les droits de l’Homme, la prévention des délits et les services à la communauté du Procureur Général de la République, a dit qu’ “au Mexique il y a une grave crise humanitaire du fait de la violence inédite; les institutions sont clairement affaiblies et manquent de toutes les capacités que le moment exige, et elles ne trouveront la force et l’élan qui leur manquent que dans la participation de la société. (…) Le Mexique traverse un moment inédit de faiblesse institutionnelle ; je vois les institutions affaiblies et dans bien des cas incapables d’atteindre ce que la Constitution exige d’elles ».

Les difficultés auxquelles font face les familles de personnes disparues illustrent parfaitement la problématique décrite par Garcia Cervantes. Trop souvent, les familles de victimes doivent faire face à des obstacles qui, en plus de les mettre en danger, entravent leur droit à accéder à la justice et à la vérité sur ce qui est arrivé à leurs parents. Selon une enquête et un rapport d’Amnesty International, « dans la majorité des Etats, beaucoup de familles de victimes ont été empêchées, au moins au début, de porter plainte formellement pour disparition forcée, enlèvement ou privation illégale de liberté lorsqu’elles se sont rendues auprès des autorités pour communiquer la disparition de leur être cher. Selon l’analyse effectuée par un journal national, des 26 121 plaintes pour personnes disparues ou non localisées, 40% n’ont pas vu la moindre enquête pénale démarrer ».

De son côté, HRW, dans un rapport de 2013, annonçait que son enquête démontre « qu’il est habituel que les autorités ne répondent pas de façon adéquate lorsque les victimes, leurs familles ou des témoins dénoncent les privations illégales de liberté […] et que rares sont les cas où les agents du Ministère Public et les fonctionnaires de la sécurité publique agissent immédiatement pour rechercher la victime ou les responsables. Les téléphones portables des victimes ne sont pas localisés, les mouvements de leurs comptes bancaires ne sont pas contrôlés, les enregistrements des caméras de surveillance ne sont pas obtenus (alors qu’ils sont en général  effacés après un certain temps). Il est commun que les agents du Ministère Public et les fonctionnaires de la sécurité publique indiquent de façon erronée aux familles que, en raison de la loi, elles doivent attendre plusieurs jours pour présenter une plainte formelle, et leur conseillent de chercher par elles-mêmes la personne disparue dans les commissariats de police et les bases militaires, ce qui représente un risque pour les familles. […] Ces retards ou omissions injustifiés provoquent une perte irréversible d’informations qui pourrait avoir sauvé la vie des victimes et aidé à localiser les responsables ».

Dans ce contexte, beaucoup de familles assument la responsabilité de rechercher la vérité sur le sort de leurs parents, une inlassable recherche qui les expose à une stigmatisation sociale et à des risques en matière de sécurité personnelle, en plus d’impliquer un investissement considérable de temps et de ressources pour financer les voyages et procédures à réaliser afin de faire avancer les enquêtes. Cela représente un coût important pour les familles –en général des mères, épouses et sœurs- puisque les personnes disparues sont le plus souvent celles qui rapportaient les ressources économiques du foyer.

Les familles unissent leurs efforts

Pour contrecarrer les difficultés auxquelles elles font face, les familles de disparus ont créé de nouvelles organisations canalisant les plaintes des familles, et cherchant à ce que les autorités rendent plus effectives les enquêtes dans les cas de leurs êtres chers. Une de ces organisations est Fuerzas Unidas por Nuestros Desaparecidos y Desaparecidas en Coahuila (FUUNDEC).  

FUUNDEC voit le jour dans un contexte où les assassinats et les disparitions font partie de la vie quotidienne à Coahuila. Fin 2009, les familles de disparus ont commencé à se rendre au Centre diocésain pour les droits de l’Homme Fray Juan de Larios (CDDHFJdL), où diverses familles dans la même situation se réunissent. En décembre de la même année, 14 familles en recherche de 21 personnes disparues décident de réaliser leurs premières actions conjointes, accompagnées et conseillées par le CDDHFJdL.

FUUNDEC a entrepris un dialogue direct et collaboratif avec le Gouvernement de Coahuila qui, avec le temps, a permis des avancées majeures à Coahuila. Parmi ces avancées, on compte le mise en œuvre de d’une révision des cas avec les autorités politiques et judiciaires du gouvernement de l’Etat, la promulgation de la « Loi pour la Déclaration d’Absence par Disparition de Personnes », laquelle, entre autres aspects, garantit et assure la continuité de la personnalité juridique de la personne disparue, la conservation de son patrimoine pour les enfants mineurs, et la protection des droits de la famille et des enfants mineurs à percevoir les salaires et prestations des personnes disparues. Bien que les avancées dans les enquêtes restent limitées, ce dialogue permet un processus de reddition de comptes qui renforce l’institutionnalité des organismes publics.

Les plaintes de FUUNDEC ont peu à peu trouvé écho auprès d’autres familles au niveau national. En 2011, l’organisation a réussi à obtenir une rencontre avec les titulaires du Ministère de l’Intérieur et le Procureur Général de la République, à laquelle FUUNDEC a convoqué les familles de personnes disparues dans d’autres Etats du Mexique. De cette réunion est né Fuerzas Unidas por Nuestros Desaparecidos de México (FUNDEM), qui accueille les familles de disparus des autres entités fédérées. L’importance croissante de cette organisation au niveau national a reçu un grand soutien et reconnaissance. De fait, ils ont reçu récemment le Prix des droits de l’Homme Tata Vasco, remis par l’Université Ibéroaméricaine de Puebla.

 

Combler le fossé: de la violence et l’impunité à la justice et la paix

Le phénomène des disparitions forcées et involontaires auquel fait face le Mexique dans l’actualité constitue une des crises humanitaires les importantes en Amérique latine, dépassant largement le nombre de disparitions engendrées par certaines des dictatures les plus emblématiques du continent, comme celles du Brésil ou du Chili.

Pour répondre de façon appropriée à cette crise, il est nécessaire que le gouvernement mexicain, depuis ses plus hautes autorités, mette en œuvre les recommandations émanant de l’Examen périodique universel (EPU) réalisé par les membres du Conseil des droits de l’Homme de l’ONU et les recommandations du Groupe de travail sur les Disparitions Forcées et Involontaires (GDTDFI).

En lien avec les disparitions, quelques-uns des engagements pris par le gouvernement mexicain lors de l’acceptation des recommandations réalisées par le Conseil des droits de l’Homme lors de l’EPU incluent les recommandations de:

148.5 Reconnaître la compétence du Comité contre les disparitions forcées (CED), assurer la transposition de la Convention dans le cadre normatif national et créer un registre officiel des personnes disparues (France) / Reconnaître la compétence du CED conformément aux articles 31 et 32 (Uruguay) / Accepter la compétence du CED pour recevoir des plaintes individuelles (Espagne) [cette recommandation fut acceptée partiellement, puisque selon le gouvernement mexicain les plaintes individuelles sont déjà recevables dans le système interaméricain] ;

148.15 Intensifier les efforts avec les Commissions Unies du la Justice, de l’Intérieur et des Etudes législatives du Sénat afin d’adopter le plus vite possible une réforme harmonisant la définition du délit de disparition forcé avec les standards établis par la Convention internationale en la matière, en conformité avec ce qui est exposé au paragraphe 86 du rapport (Chili);

148.54 Elaborer un protocole nationale pour la recherche des personnes dont la disparition a été dénoncée et enquêter les plaintes pour violations des droits de l’Homme et garantir que les responsables soient poursuivis et les victimes obtiennent réparation (République islamique d’Iran) ;

148.55 Adopter des mesures institutionnelles et juridiques adéquates pour donner une réponse efficace au problème des disparitions forcées et des homicides internationaux impunis (Ouzbékistan);

148.56 Mettre en oeuvre les recommandations en attente qui figurent dans le rapport de décembre 2011 du Groupe de travail sur les disparitions forcées et involontaires (Irlande);  

148.57 Réaliser une enquête approfondie et systématique de toutes les plaintes pour disparitions forcées, poursuivre les responsables et garantir que toutes les victimes obtiennent réparation, en particulier les familles des personnes disparues (Suisse);

148.58 Créer une base de données sur les migrants disparus, et promouvoir la coopération de toutes les autorités pour prévenir et sanctionner les délits contre ce groupe (Norvège);  

148.59 Redoubler d’efforts dans la lutte contre les disparitions forcées (Argentine) / Continuer d’adopter des mesures afin d’aborder de façon effective le phénomène de la disparition forcée (Espagne) ;

148.95 Renforcer le système de justice pénale dans le pays, pour enquêter avec célérité et efficacité sur tous les cas présumés de disparitions forcées, l’usage disproportionné de la force, les attaques, les menaces et le harcèlement contre les défenseurs des droits de l’Homme, et assurer que les responsables soient poursuivis et que les victimes obtiennent réparation (Azerbaïdjan).

 Pour tout cela, PBI se fait l’écho de ces recommandations et exhorte l’Etat mexicain à reconnaître l’ampleur de la problématique et procéder à la création d’un registre nationale des personnes disparues. De même, PBI considère fondamental et appelle à la garantie d’une effective coordination entre les autorités fédérales et fédérées afin que les enquêtes soient efficaces et l’assistance aux familles de personnes disparues adéquate.

La mise en œuvre des recommandations mentionnées antérieurement, ainsi que d’autres recommandations que le Mexique s’est engagé à mettre en œuvre, signifierait une grande avancée pour les milliers de familles qui aujourd’hui recherchent la localisation de leurs êtres chers. De même, la mise en œuvre des recommandations de la communauté internationale contribuera considérablement à mettre fin à l’impunité qui a caractérisé ces cas de disparitions. Finalement, en mettant en œuvre ces recommandations, le Mexique respectera le devoir de réparer, en accord avec les dispositions des conventions et traités internationaux, les dommages et les pertes causés aux milliers de victimes et de familles qui aspirent aujourd’hui à la justice.

 

*Cet article a été publié dans le cadre de la journée internationale des victimes de disparitions forcées.

 

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Codigo-DH victime de nouvelles menaces

08/07/2014

Le 8 juillet 2014, l’organisation Código-DH a reçu, à son bureau, un appel téléphonique menaçant les membres de l'organisation en raison des procédures pénales qu’ils poursuivent pour soutenir les opposants au méga-projet éolien qui met en péril l’existence des communautés autochtones de l’Isthme de Tehuantepec. Quelques minutes plus tard, un deuxième appel a été reçu, menaçant clairement, au travers de l'organisation, des personnes autochtones zapotèques liées à l'Assemblée Populaire du Peuple Juchiteco (APPJ) qui résistent au projet.

PBI est très inquiète des risques encourus par les membres de Código-DH et demande aux autorités compétentes de prendre les mesures nécessaires pour les protéger.

La situation des défenseur.e.s dans l’Etat de Oaxaca

Oaxaca est l’Etat mexicain ayant connu le nombre le plus élevé d’agressions contre des défenseur.e.s des droits humains (DDH) entre janvier 2011 et décembre 2013, selon un rapport rédigé par le réseau « tous les droits pour tous et pour toutes » (Red TDT), le 3 juillet dernier. Ce rapport montre également que les principales agressions visent des DDH qui travaillent sur le thème de la défense du territoire, principalement dans les régions où il y a des peuples autochtones.

Travail d’accompagnement de Código-DH

Código-DH effectue un travail d’accompagnement des communautés de l'Isthme de Tehuantepec, qui défendent leur territoire en s’opposant à la construction de parcs éoliens. Cet accompagnement a conduit à une série d’agressions physiques, de menaces et d’intimidations contre les membres de cette organisation et contre plusieurs communautés de la région. Ces derniers jours, une virulente campagne de diffamation a été lancée à l’encontre des membres de l’APPJ qui s’opposent à la construction des nouveaux parcs éoliens, comme le Bii Hioxo en cour de construction par la société espagnole Gas natural Fenosa. De plus, les consultations du projet réalisées par les communautés autochtones de la région de l'Isthme ont été remises en cause. 

Cette diffamation et ces menaces empêchent les DDH d’effectuer leur travail de défense des droits humains et violent le droit des peuples autochtones de décider de leurs propres priorités de développement.

Lire le texte original en espagnol

Lire le rapport de Red TDT en espagnol

 

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Restrictions de la liberté d'expression et du droit de manifester

07/06/2014

Dans plusieurs États mexicains, des restrictions ont été adoptées quant au droit à la liberté d’expression et à celui de manifester pacifiquement. PBI est extrêmement préoccupée par ces développements récents.

Les autorités locales des États de Puebla, Qunitana Roo et du Chiapas ont approuvé récemment des lois permettant un plus grand contrôle des manifestations publiques, l'utilisation d'armes mortelles ainsi que des actions ponctuelles de la police préventive. Ces mesures limitent la marge de manœuvre des personnes qui s’engagent pacifiquement pour la justice. La Déclaration des Nations unies sur la protection des défenseur.e.s des droits de l’Homme (DDH) précise que ces derniers ont le droit de manifester pacifiquement et de dénoncer les abus. Il est inquiétant de constater que le travail des DDH sera affecté et affaibli par ces initiatives législatives. La marche du Mexique vers la paix et le respect des droits humains universels n’en sera que davantage ralentie.

La société civile du Mexique condamne ces récents développements

La société civile mexicaine est sortie dans la rue pour condamner ces nouvelles lois et déplorer l'oppression et les attaques récurrentes contre les manifestants et contre les DDH. Plusieurs organisations sociales comme la Frente por la Libertad de Expresión y la Protesta social (Front pour la liberté d'expression et la protestation sociale) ont publié récemment un rapport intitulé Control del Espacio Público: Informe sobre Retrocesos en las Libertades de Expresión y Reunion en el Gobierno (Le contrôle de l’espace public: informations sur les restrictions des droits d’expression et de manifestation mises en place par l’actuel gouvernement).

PBI appelle les autorités à prendre des mesures

PBI rappelle l'État mexicain à ses obligations de garantir ces droits qui sont d’ailleurs reconnus aux niveaux national et international. En outre, PBI demande aux autorités que lorsque de telles modifications législatives sont prévues, la société civile soit consultée. Enfin, PBI demande également aux autorités locales de reconnaitre l’importance du travail des défenseur.e.s des droits humains.

 

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Les migrants et leurs défenseur.e.s de plus en plus menacés au Mexique

05/05/2014

Le Frère Tomas Gonzalez lors de la réception du Prix franco-allemand "Gilberto Bosques" pour les droits de l'Homme

 

A l'occasion du passage du Frère Tomas Gonzalez en Europe, le CCFD a organisé une réunion inter-associative le 16 mai sur la thématique des migrants au Mexique à laquelle PBI et le Secours Catholique étaient conviés. L'objectif de cette rencontre était d'écouter le témoignage du Frère Gonzalez sur la situation des migrant.e.s et de leurs défenseur.e.s au Mexique et d'échanger sur la problématique des droits de l'Homme dans le pays.

Fray Tomas Gonzalez dirige l'unique centre d'accueil de migrants dans l'Etat de Tabasco (dans le Sud Est du Mexique, à la frontière avec le Guatemala) appelé “La 72”. Ce refuge fournit, comme une cinquantaine d'autres établissements dans le pays, une aide humanitaire aux migrant.e.s qui traversent le pays pour rejoindre les Etats-Unis. Il leur offre un espace de repos et de sécurité, de la nourriture, des soins médicaux, une assistance légale ainsi qu'un appui psychologique.

La 72 et le Frère Gonzales ne sont pas accompagnés par PBI sur le terrain mais son organisation et PBI se connaissent bien. Au delà de la présence de PBI à la remise de son prix franco-allemand Gilberto Bosque en septembre dernier, PBI accompagne des foyers de migrant.e.s similaires à celui du Frère Gonzalez (La « Casa del Migrante Saltillo » dans le Nord du Mexique et le refuge « Hermanos en el Camino » dans le Sud).

La situation évoquée par le Frère Gonzales pendant la réunion est extrêmement préoccupante. Les personnes migrantes n'ont pas échappé à l'augmentation de la violence dans le pays et connaissent une situation de vulnérabilité accrue, étant la cible des réseaux de criminalité organisée (trafic de migrants, narcotrafic) mais aussi de fonctionnaires corrompus. La liste des menaces auxquelles ils sont exposés est longue : ils sont ainsi victimes de séquestrations, extorsions, abus sexuels, disparitions, agressions, vols, etc.

En théorie, la loi relative à la migration de mai 2011 a décriminalisé la situation d'irrégularité d'une personne migrante sans papier (et donc, de manière mécanique, du travail des refuges qui les aident et les hébergent). Malgré l'objectif louable de cette loi de créer un cadre légal de protection pour les populations migrantes, elle est loin de changer la situation sur le terrain et n'empêche pas que les acteurs étatiques et criminels continuent à commettre les mêmes atteintes aux droits et à la sécurité des migrant.e.s.

Si circuler sur le territoire mexicain sans document d'identité n'est donc plus un délit, l'arrestation systématique des migrant.e.s par les agents fédéraux, l'usage discriminatoire et disproportionné de la force pendant les opérations de contrôle migratoire et les déportations massives et immédiates continuent de violer leur droit à la liberté de mouvement, leur empêchent tout accès à la justice et sont un moyen de les criminaliser, générant ainsi une stigmatisation qui les rend d'autant plus vulnérables.

Le Frère Gonzalez mène, avec d'autres refuges, un travail de plaidoyer dans le but de modifier la loi sur l'immigration en promouvant l'idée d'un transit libre, digne et non violent pour les migrants d'Amérique centrale à travers le Mexique vers les Etats-Unis. Ils entreprennent également un travail de sensibilisation sur le terrain de la population locale qui ne comprend souvent pas leurs activités et les difficultés rencontrées par les migrants et qui peut être influencée par ailleurs par les autorités locales qui stigmatisent les refuges (en alléguant par exemple que le refuge génère plus d'insécurité locale).

Ainsi, le 30 avril 2014, alors qu'il accompagnait avec deux autres défenseurs de « La 72 » une marche de migrants en appui à la marche du Viacrucis Migrante, ils ont été agressés par des agents de l'Institut national de la migration (INM) et par des agents de la police fédérale et régionale. Ceux-ci ont stoppé la marche et arrêté les migrants qui y participaient. Les défenseur.e.s ont essayé de communiquer avec les forces de l'ordre mais se sont vu nier toute possibilité de dialogue. Au contraire, ils ont été agressés physiquement et pour deux d'entre eux, se sont retrouvés en détention avec les 320 migrants (dont des femmes et des enfants) qui formaient la marche.

Ces défenseur.e.s de la 72 disposent pourtant de mesures de protection de la part de Commission interaméricaine des droits de l’Homme et du « Mécanisme de protection » du Mexique (pour en savoir plus, lire l'article ci dessous sur le Mécanisme et ses dysfonctionnements).

Dans le pays, plusieurs incidents de ce type ont eu lieu en avril et début mai 2014, après le Viacrucis del Migrante - une caravane formée par plus de 750 migrants commencant un voyage de la frontière sud du Mexique vers la frontière nord avec les Etats-Unis pour demander la liberté de mouvement des milliers de migrant.e.s qui traversent le Mexique chaque année et sont victimes de violations.

En réaction, le programme Mexique de PBI a exprimé dans une tribune sa forte inquiétude devant ces nombreux actes graves d'agression (attaques physiques, menaces, détentions illégales) qui ont eu lieu en seulement un mois contre des défenseur.e.s des droits de l'Homme et des migrant.e.s.

Lire ici cette  tribune.

 

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Une nouvelle volontaire française au Mexique

29/04/2014

Retrouvez le témoignage de Manon Yard, future volontaire de PBI dans le nord du Mexique à partir de mai 2014.

Manon Yard (28 ans)

Diplôme d’études politiques et Master en gestion de projets option Amérique latine

Avant le départ

A quelques jours du départ, ma tête est remplie d’envies, d’attentes, mais également d’incertitudes, alors que je prépare mes valises. Quitter un endroit pour un autre, ce n’est jamais facile, et plusieurs questions se bousculent dans ma tête: qu’est-ce qui m’attend? Comment vais-je réagir face aux défis rencontrés sur place? Face à la violence?  Face aux injustices? Devant la frustration de ne pas pouvoir faire avancer les choses? 

Mais je pars également avec des convictions fortes, qui me servent et, je l'espère, continueront à me servir de repères: une confiance en la pertinence du mandat de PBI, qui vise à fournir une protection internationale concrète à des personnes courageuses qui choisissent de défendre leurs droits et ceux d’autrui de façon non-violente et qui, pour cette simple raison, risquent leur vie tous les jours; un accord profond avec le principe de non-ingérence de l’organisation, qui me semble à la fois humble et puissant, et qui laisse toute place aux acteurs locaux pour agir; une adhésion à sa volonté de dialoguer avec tous, et à tous les niveaux, qui s’accompagne d’une impartialité dans l’analyse et le discours tenu. Enfin, une concordance entre d'une part, ce que je suis, ce que je valorise et recherche et d'autre part, ce que fait PBI, sa finesse d’analyse, ses méthodes de travail, l’importance donnée à l’humain ou encore le fonctionnement horizontal de l'organisation.

A mes yeux cette mission au nord du Mexique sera une formidable – et intense! – opportunité d’apprentissage auprès de personnes engagées dans la lutte contre l’impunité et dans la défense des droits humains. J’espère en ressortir grandie, inspirée et plus ouverte. 

Je me réjouis donc d’apporter ma modeste contribution à PBI Mexique, pour ce projet qui a déjà plusieurs années derrière lui et qui continuera après mon départ.

 

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Focus sur la crise du Mécanisme de protection des défenseur.e.s

15/04/2014

... une crise qui met en lumière des dysfonctionnements structurels

Le 22 juin 2012 était promulguée au Mexique la "loi sur la protection des personnes défenseures des droits de l'Homme et des journalistes". Elle instaurait la mise en place d'un "Mécanisme" de protection de ces acteurs fréquemment menacés du fait de leurs activités.

Ce Mécanisme prévu dans la loi était très prometteur. Il générait beaucoup d'attentes de la part de la société civile mexicaine et internationale car, pour la première fois au Mexique, était mis en place un outil institutionnel complet reconnaissant le rôle des défenseurs et la responsabilité de l'Etat de les protéger en instaurant des mesures concrètes de protection physique et psychologique des défenseur.e.s. Il mettait en place une structure avec un budget spécifique, incluant dans sa gouvernance la société civile, et impliquant de hauts fonctionnaires de l'Etat ainsi que les états fédérés.

Or, moins de deux ans après sa création, ce système traverse aujourd'hui une crise structurelle.

Son déclencheur a été l'annonce le 15 mars 2014 par le directeur du service des droits de l'Homme, M. Contreras, de sa démission avec 4 autres membres de son département, précisant que leur décision était motivée par de mauvaises conditions de travail et une pression beaucoup trop forte dans l'exercice de leurs fonctions. Cette démission, qui faisait perdre à son équipe un tiers de ses effectifs, n'était pas la première. Une petite dizaine de membres de l'équipe avaient déjà quitté le service au cours de l'année précédente.

Le 24 mars, le Conseil consultatif, lieu qui représente les membres de la société civile dans le Comité exécutif du système, réagissait en annoncant son retrait de ce Comité. Il considérait que les problèmes structurels avaient atteint un seuil tel qu'il n'était plus possible pour le Mécanisme de mener à bien sa mission et démontraient le manque d'implication institutionnelle et politique de la part de l'Etat.

Cet acte de protestation du Conseil semble avoir porté ses fruits : ses membres étaient convoqués le 11 avril dernier pour une réunion avec Lía Limón, la Sous-secrétaire aux droits de l'Homme.

Les exigences émises par le Conseil avant d'envisager sa réintégration au Comité exécutif semblent avoir été entendues. Ainsi, la nomination de Víctor Manuel Serrato à la tête du Mécanisme a été annoncée lors de cette réunion. Ce dernier s'est engagé, entre autres, à améliorer les pratiques managériales au sein de son département. Il a également présenté une série de mesures et un calendrier de mise en place afin de régler les retards importants accumulés dans le traitement des dossiers de demande de protection et de mettre en place les mesures de protection nécessaires dans les plus brefs délais. Les membres du Conseil consultatif ont alors décidé, suite à cette réunion, de réintégrer leur mandat pour contribuer au fonctionnement effectif du Mécanisme.

S'il semble que le Mécanisme ait réussi à sortir de cette crise et que le ministère de l'Intérieur ait fait un pas vers la société civile, il est important que la société civile reste très vigilante quant aux mesures qui seront appliquées. En effet, rien ne garantit aujourd'hui que celles-ci permettront la résolution effective des lourds problèmes structurels du Mécanisme. Ces graves carences avaient déjà été pointées du doigt par la société civile dans un rapport de juin 2013 et présenté au secrétaire Miguel Ángel Osorio Chong au dernier trimestre 2013.

La liste de ces dysfonctionnements est longue. Ils concernent le trop grand délai de traitement des demandes de protection (30% des demandes seulement ont été traitées à ce jour), un système d'évaluation des risques défaillant, une instabilité d'équipes peu formées et peu expérimentées, un budget de 20 millions de dollars (US) bloqué pour raisons administratives et un manque de transparence dans la gestion financière et administrative du Mécanisme. Enfin, il faut également mentionner le rôle extrêmement réduit du système judiciaire mexicain dans l'identification et la poursuite des personnes attaquant ou menacant les défenseur.e.s. Ce contexte d'impunité rend inopérant tout système de protection des défenseur.e.s sur le long terme.

Entre novembre 2010 et décembre 2012, le Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l'Homme a dénombré au Mexique 89 agressions contre des défenseur.e.s des droits de l’Homme et rapporté que 22 défenseur.e.s avaient été assassiné.e.s depuis 2006. Dans ce contexte très dangereux pour les défenseur.e.s, les membres de la société civile font valoir que les défenseur.e.s font face aujourd'hui à un niveau de risque supérieur du fait des problèmes structurels du Mécanisme.

Ces graves dysfonctionnements, dont la crise actuelle n'a été que le révélateur, montre à quel point le Mécanisme est aujourd'hui inopérant. Or, sans un vrai Mécanisme des droits de l'Homme et de protection de ses défenseur.e.s, il y a de très grandes chances que la transition démocratique du Mexique soit compromise.

 

Début Avril, 4 ONG de droit de l'homme dont PBI publiaient une déclaration conjointe pour exprimer leurs graves inquiétudes et exhorter l'Etat mexicain à résoudre les dysfonctionnements du Mécanisme au plus vite pour assurer une protection efficace des défenseur.e.s.

Lire ici cette déclaration conjointe (en français)

 

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Rencontre avec Valentina Rosendo et Santiago Aguirre

28/04/2014

Le Barreau de Paris, Amnesty International France et les Brigades de Paix Internationales vous invitent à une table ronde, en présence de Valentina Rosendo Cantu et Santiago Aguirre.


"Le Mexique face au système interaméricain des droits humains

Maison du Barreau de Paris
2-4, rue de Harlay
Lundi 30 mai 2011 à 15h

 

Amnesty International France et PBI France vous invitent également à une Soirée publique Mardi 31 mai à 19h au siège d'Amnesty, 72/76 bd de la Villette, Paris 19e.

 

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L'Ambassade de France réalise une visite sur les droits de l'Homme dans l'Etat de Oaxaca

http://www.ambafrance-mx.org/francais/ambassade-150/salle-de-presse/communiques/article/visite-sur-les-droits-de-l-homme

 

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Tournée de défenseur.e.s mexicains en France, du 28 au 31 mai

27/04/2015

Valentina Rosendo et Santiago Aguirre, défenseur.E.s des droits des peuples autochtones au Mexique,

à Paris du 28 au 31 mai 2011.

« Le mal que m’a fait le gouvernement ne peut pas être réparé, il reste dans ma vie pour toujours et jamais je n’oublierai ce qui s’est passé (…). Je demande justice. Je demande que le gouvernement reconnaisse publiquement que ce sont les militaires qui ont abusé de moi »

Valentina Rosendo Cantú, se bat depuis 9 ans pour obtenir justice.

 

En 2002, lors d'incidents distincts, Valentina Rosendo Cantú et une autre femme de sa communauté, Inés Fernández Ortega, ont été abordées et interrogées par des soldats qui les auraient par la suite violées.

Inès et Valentina sont deux jeunes femmes autochtones Me’phaa de l’Etat de Guerrero au Mexique, membres de l’Organisation du Peuple Indigène Me’phaa - OPIM. Faisant preuve d’un courage énorme et malgré les barrières culturelles, économiques et sociales qui dissuadent de nombreuses femmes autochtones de réclamer justice par la voie des tribunaux, elles ont dénoncé ces agressions auprès des autorités.

Neuf ans après, aucune enquête sérieuse n’a été menée par les autorités mexicaines. L’enquête a été confiée à la juridiction militaire, ce qui a fortement contribué à cette situation d’impunité. Des enquêteurs de l’armée ont tenté d’infirmer leurs allégations, faisant supporter aux victimes la charge de la preuve et bafouant les principes d’impartialité.

De leur côté, les institutions civiles ont contribué à cette situation d’impunité en demandant le maintien du dossier devant la juridiction militaire, et en qualifiant d’ «acte de service» toute acte commis par un militaire pendant son service.

Un harcèlement continu

Inés Fernández, Valentina Rosendo et leurs proches sont l’objet de nombreuses intimidations. Le frère d’Inès, dirigeant actif de l’OPIM a été assassiné en février 2008. Le 28 août 2010, deux hommes ont abordé la fille d’Inés Fernández et ont menacé de mort les membres de sa famille s’ils ne quittaient pas la région. En décembre 2010 encore, des représentants de l’OPIM étaient menacés, en lien direct avec le soutien témoigné à la lutte de Valentina et Inès.

Des avancées

Les deux femmes ont fait appel auprès de la Cour Interaméricaine des droits de l’Homme (CIDH) pour obtenir justice. En aout 2010, la CIDH a ordonné à l’État mexicain d’enquêter sur les violations commises à leur encontre, de traduire les responsables en justice, et de leur fournir une réparation adéquate. La Cour a également ordonné au Mexique de ne plus confier à une juridiction militaire l’examen des cas de violations des droits humains commises par des membres de l’armée. Le 15 mars 2011, le ministère de l’Intérieur du Mexique a créé une série de groupes de travail afin de veiller au respect des arrêts de la Cour.

Depuis plusieurs années, les autorités ont mis en place au Guerrero une politique contre-insurrectionnelle visant à démanteler la culture de stupéfiants et les groupes insurrectionnels armés : dans la pratique, les violations de droits humains commises par les forces militaires et policières se multiplient. L'impunité est quasi-systématique.

 D'une manière générale au Mexique, les plaintes officielles déposées par des femmes autochtones pour viol ou autres formes de violence sexuelle sont rares, en particulier quand des autorités publiques sont en cause. Les femmes qui ont eu le courage de faire face à ces barrières ont dû lutter contre un système offrant des soins médicaux médiocres, des examens médico-légaux peu approfondis et un système judiciaire qui paraît réticent ou incapable de leur fournir la moindre garantie de résultat. Sans compter les menaces répétées à leur encontre et ceux qui les soutiennent qui terrorisent les victimes, leur famille et leurs proches.

Ce qui est arrivé à Inés et Valentina illustre les souffrances des peuples autochtones victimes d’agressions et de discriminations répétées et impunies.

Près de 110 000 Me’phaa vivent dans l’Etat du Guerrero, la plupart dans un état de grande pauvreté et marginalité.

 

Valentina sera prochainement en Europe, et en France du 28 mai au 1er juin, accompagnée par Santiago Aguirre, du Centre pour les Droits Humains Tlachinollan.

Leur venue sera l’occasion de rappeler que la pression internationale ne doit pas se relâcher, pour faire avancer le système de justice mexicain, et rendre leur dignité à Valentina, Inés et toutes les femmes indigènes.

Le Centre pour les droits humains Tlachinollan est une organisation non gouvernementale qui accompagne depuis 14 ans les peuples autochtones dans l’Etat de Guerrero, à travers notamment des actions juridiques, éducatives, de plaidoyer et de soutien psychologique Ils ont accompagné Inès et Valentina dans leurs démarches.

Depuis 2003, Amnesty International (AI) mène campagne auprès de ces deux femmes dans leur lutte pour la justice. Plus largement, l’organisation dénonce les innombrables violations commises contre les membres de l’OPIM et les peuples autochtones de la région : ces populations, qui ne font que revendiquer pacifiquement leurs droits légitimes dans un contexte de pauvreté, et de discrimination, subissent de nombreuses exactions systématiquement impunies. AI alerte régulièrement les autorités mexicaines sur le déni de droits auxquels ils sont soumis et mobilise l’opinion publique.

www.amnesty.fr/

www.expo-dignite.com

PBI travaille depuis 30 ans à la protection des droits humains et la promotion de la non-violence à travers l’accompagnement protecteur de défenseurs des droits de l’homme. Des équipes de volontaires maintiennent une présence permanente dans l’Etat de Guerrero depuis 2001, et accompagnent le Centre pour les droits humains Tlachinollan (depuis décembre 2003) et l’OPIM (depuis février 2005) pour leur permettre de réaliser leur travail pour l’accès aux droits sans danger.

 

www.pbi-mexico.org